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Affaire William Saurin : "Un bilan comptable, on lui fait dire ce que l'on veut"
INVITÉ RTL - Stéphane Cohen, président de l'Ordre des experts comptables de Paris, revient sur l'affaire des comptes truqués de l'entreprise William Saurin
L'entreprise alimentaire Cofigeo (William Saurin, Garbit) met 800 salariés au chômage technique en raison de la flambée des prix énergétiques.
Crédit : ERIC PIERMONT / AFP
Les salariés de William Saurin sont sous le choc. Deux semaines après le décès de Monique Piffaut, la patronne et seule actionnaire de l'entreprise, des révélations ont fait état en milieu de semaine de comptes truqués pendant des années. Le groupe Turenne La Fayette, maison mère de William Saurin, représente 21 sites de production et quelque 3.200 salariés. De quoi se demander comment les comptes d'une si grosse machine ont pu être falsifiés pendant des années. "C'est tout à fait possible. Un bilan, on lui fait dire ce qu'on veut", explique Stéphane Cohen, président de l'Ordre des experts comptables de Paris au micro de RTL. "On peut gonfler les stocks ou le chiffre d'affaires par des facturations fictives ou par les actifs de la société, notamment les créances clients", poursuit-il.
Selon lui, c'est pour cette raison que les professionnels sont là, afin d'encadrer les pratiques en entreprise. Ces dernières pouvant être tentées de dissimuler une réalité économique quelque peu difficile, ce qui semble avoir été le cas dans l'affaire William Saurin. "Il y a une certaine éthique chez les professionnels comptables qui permettent de déceler ce genre de choses", souligne Stéphane Cohen. Et malgré la vigilance des commissaires, il est toujours possible que certaines structures passent à travers les mailles du filet en raison de montages sophistiqués, indique-t-il également.
Le cash, l'indice qui ne trompe pas
Stéphane Cohen évoque cependant un indice qui ne trompe pas. "On a beau masqué un bilan et faire apparaître une situation financière trompeuse, il reste un juge de paix, c'est le cash", explique-t-il ainsi. "La trésorerie, quand elle manque, on se demande alors d'où vient le problème". Et que se passe-t-il quand il n'y a qu'un seul actionnaire de l'entreprise ? Truquer un compte devient alors plus aisé, répond l'expert-comptable, car les pouvoirs sont concentrés aux mains d'une seule et même personne. Monique Piffaut, elle, est restée seule pendant une vingtaine d'années à la tête de William Saurin.
