Faire payer une cotisation aux retraités les plus aisés pour financer le grand âge. C'est la proposition formulée par Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail et de l'Emploi, mardi 21 janvier. Une "proposition personnelle", tempère Matignon, mais qui suscite l'intérêt de certains parlementaires.
La ministre propose ainsi de mettre à contribution les personnes touchant plus de 2.000 euros par mois de pension, soit 25% des retraités (ou 4 millions de personnes), selon les statistiques officielles. En plaçant la barre à 2.500 euros net par mois, cela ne concernerait que 7% des retraités.
Astrid Panosyan-Bouvet motive sa proposition par le fait que les retraités ont un meilleur pouvoir d'achat que les actifs. Et pour cause : un couple à la retraite gagne en moyenne 2.188 euros net par mois, soit 12,5% de moins qu'un couple où les deux personnes travaillent. Sauf que 62% des retraités sont propriétaires ; c'est moins de 20% chez les actifs. Et en ajoutant le coût des enfants, qui ponctionne le budget des ménages, alors les retraités et les actifs ont un pouvoir d'achat équivalent. Mais les premiers ont un patrimoine bien supérieur : leur taux d'épargne est de 25% après 70 ans, contre 18% pour la moyenne nationale.
La ministre a bien pris le soin de préciser que cette mesure ne devrait pas concerner l'ensemble des retraités, car 10,6% d'entre eux étaient considérés comme pauvres en 2022, soit 2 millions de personnes. Si le pourcentage est moins important que pour le reste de la population, le Conseil d'Orientation des Retraites alerte sur le fait que le niveau de vie des retraités va se dégrader en permanence jusqu'en 2070 pour retrouver son niveau de vie des années 1980.
Il y a plusieurs raisons à ce déclassement : de plus en plus d'actifs pauvres arriveront avec de petits revenus à l'âge de la retraite. Ensuite, le gouvernement a beaucoup encouragé, ces dernières années, les primes défiscalisées et désocialisées, qui ne rentrent pas en compte pour le calcul de la retraite.
Astrid Panosyan-Bouvet pourrait donc avoir raison de vouloir mettre à contribution les retraités les plus aisés. Car si le niveau de vie des retraités baisse progressivement dans les années qui viennent, cela veut dire que les générations nées après 1970 vont perdre à chaque fois : en travaillant plus longtemps et en ayant un pouvoir d'achat en baisse au moment de la retraite.
Du côté de la droite républicaine, ce scénario est inimaginable. Pour eux, la retraite est le fruit d'une vie de cotisation. Mais les retraités d'aujourd'hui ont cotisé pour ceux qui étaient à la retraite dans les années 1980. Et à cette époque, l'espérance de vie était de 70 ans pour un homme, elle est aujourd'hui de dix ans de plus. Le poids du financement de retraites pour les actifs des années 1980/2000 était donc moins lourd qu'aujourd'hui.
Les retraités seront-ils contraints de mettre la main à la poche ? Vu l'endettement de la France, les raisonnements évoluent. 64 ans n'est plus un totem et toutes les pistes qui sortent désormais mettent les retraités à contribution. Soit en désindexant les retraites de l'inflation. Soit en supprimant les 10% d'abattement sur l'impôt sur le revenu qui touchent les retraités imposés. Soit en faisant cotiser les retraités qui gagnent plus de 2.000 ou 2.500 euros par mois, comme le propose Astrid Panosyan-Bouvet.
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