ÉDITO - Nissan "vieillit et ralentit" sur le marché de l'automobile, explique Martial You

Rien ne va plus chez Nissan, le groupe auto a annoncé une perte record et la fermeture de 7 de ses 17 usines. C'est "Retour Vers le Futur" et c'est très cruel pour le constructeur américain. La voiture n'est plus une DeLorean comme dans le film mais une Nissan XTRAIL. 

Nissan replonge dans le cauchemar de la fin des années 90. Près de 25 ans après la cure d'amaigrissement de Carlos Ghosn pour sauver l'entreprise, on recommence. En 1999, Ghosn avait réduit les effectifs de 14%. Aujourd'hui, la nouvelle direction annonce 15% de suppressions de postes, c'est-à-dire 20.000 emplois et la fermeture de plusieurs usines, y compris au Japon ?

C'est un choc qu'on a du mal à mesurer ici. Au Japon, il y a une tradition : les groupes peuvent annoncer des réductions d'effectifs ou des fermetures de sites mais, en dehors, du territoire. Les usines tournent d'ailleurs à 70% depuis des mois.

Comment Nissan en est arrivé là ?

Tout cela est dû à des mauvaises décisions. On a dimensionné les usines pour sortir 8 millions de voitures par an alors que le marché est en chute depuis le Covid. Nissan avait de l'avance sur les moteurs électriques (en 2018, la voiture électrique la plus vendue au monde était la Nissan Leaf) mais le constructeur s'est fait devancer ensuite par les Chinois et par Tesla. 

Nissan a eu raison trop tôt sur l'électrique. L'alliance avec Renault s'est aussi délitée. Le titre en bourse a perdu 40% sur un an et aujourd'hui, il n'y a pas grand monde pour racheter le japonais. Au début de l'année 2025, on a cru qu'un géant japonais allait voir le jour avec un mariage Nissan-Honda mais ça n'a pas été au bout.

Quelles conséquences pour Renault ?

Renault est encore actionnaire à hauteur de 35,71% de Nissan. Les mauvais résultats du japonais vont dégrader le résultat net de Renault de 2,2 milliards d'euros au premier trimestre de 2025. 

Nissan est aussi impacté par la politique douanière de Donald Trump. Les droits de douane à 25% vont coûter 2,7 milliards d'euros à Nissan car l'Amérique est le plus gros marché du groupe. Prés de 45% des voitures vendues aux USA sont fabriquées au Mexique ou au Japon.

NISSAN est un peu à l'image d'une économie japonaise qui souffre en ce moment. L'économie japonaise est comme sa population : elle vieillit et ralentit. La croissance est en chute au premier trimestre 2025, la consommation baisse et les exportations qui faisaient sa force depuis 50 ans patinent.

Il y a une autre entreprise qui illustre cette difficulté de l'économie nippone à prendre le virage de la nouvelle économie : c'est Panasonic. On achète moins de téléviseurs, de chaines hi-fi et pas de magnétoscopes et Panasonic a annoncé 10.000 suppressions d'emplois dont la moitié au Japon. L'économie japonaise a quelques années de retard et ressort le walkman. Retour vers le futur, je vous le disais.

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