ÉDITO - "En France, la prison est le miroir de tous nos renoncements", lance Isabelle Saporta

La France figure parmi les mauvais élèves en Europe en termes de surpopulation carcérale, en troisième position derrière Chypre et la Roumanie. Face à cette situation, Isabelle Saporta estime que la justice a renoncé à faire exécuter les peines courtes.

Un gardien dans un couloir de la prison de Gradignan, près de Bordeaux.

Crédit : Thibaud MORITZ / AFP

PRISONS - "Le miroir de tous nos renoncements"

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PRISONS - "Le miroir de tous nos renoncements"

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En Europe, seuls Chypre et la Roumanie font pire que nous. La France est une mauvaise élève en matière de surpopulation carcérale. 2027 devait accueillir 15.000 places de prisons supplémentaires, qui ont été revues à la baisse pour 4.500 places effectives. Face au mécontentement des électeurs qui ne veulent pas de maisons d'arrêt près de chez eux, nos élus ont renoncé à construire des nouveaux établissements. Résultat : la prison, en France, est le miroir de tous nos renoncements.

Comme il n'y a pas de place, on a renoncé à faire exécuter les peines courtes et pour se donner bonne conscience, on a inventé une moraline sur une prétendue réinsertion facilitée par la non-incarcération. On a renoncé à interdire vraiment les portables, sinon on n'aurait pas doté nos prisons de brouilleurs qui, malgré les sommes déversées, ne sont pas capables de brouiller la 5G.

On a renoncé à protéger nos surveillants de prison. Et forcément, on n'arrive plus à recruter et comment ne pas les comprendre ? Entre ceux qui se font suivre jusque chez eux et tabasser et ceux qui se font liquider comme dans l'évasion de Mohamed Amra - tout ça pour gagner 2.000 à 2.800 euros par mois - ça ne vaut pas le coup.

"La tâche est immense pour Gérald Darmanin"

Faute de combattants, on a aussi renoncé à chasser les ripouches et les matons qui, pour certains, se sont rendus compte qu'il était plus lucratif et beaucoup moins dangereux de laisser voler les drones, qui livrent drogue et portables aux détenus, que de risquer leur vie. Et comme il y a encore une large majorité de surveillants intègres - et on les en remercie - les narcotrafiquants incitent désormais leurs petits protégés à passer le concours de matons, histoire d'achever de transformer nos prisons en école du crime.

Le tableau est sombre mais il suffit de s'y mettre. Cela fait des années que les rapports s'accumulent. Il faut bâtir des prisons hyper sécurisées pour les gros caïds, et peut-être qu'on arrivera enfin à empêcher qu'ils aient des téléphones pour mener leur business depuis l'intérieur, et des structures plus légères pour les peines courtes. La tâche est immense pour Gérald Darmanin, mais c'est sur ces questions que les Français l'attendent.

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