ÉDITO - Lactalis réduit sa collecte en France : "La solution durable est de trouver d'autres débouchés pour le lait", estime François Lenglet
Le géant du lait français a annoncé qu'il allait réduire ses achats de lait en France. Un drame pour les producteurs qui n'ont souvent pas d'autre client.
Lactalis a décidé de fermer le robinet. La société va réduire drastiquement ses achats de lait aux producteurs français. Des producteurs qui hésitent ce vendredi 27 septembre entre colère et abattement. Un vrai coup dur pour eux. Lactalis est le numéro un du lait mondial français. Ils font notamment le lait Lactel ou encore le fromage Président.
Ils ont annoncé qu'ils allaient réduire ses achats de près de 9% d'ici à 2030. Ça concerne 272 exploitations, particulièrement dans l'Est de la France. Ça fait quand même 450 millions de litres de lait en moins. C'est évidemment la catastrophe pour les fermes concernées, parce que Lactalis est bien souvent leur seul client.
Il s'agit ici d'achats d'excédents laitiers, qui sont recyclés par Lactalis dans des produits dérivés, comme la poudre de lait, qui est vendue sur le marché mondial. Mais les prix baissent sur ce marché. Or, depuis la crise agricole de l'année dernière et la loi Egalim, les prix payés aux producteurs ont augmenté. Alors, il y a un effet ciseau. Des prix faibles pour la vente et puis des prix de production élevés avec ce qui est versé aux producteurs et puis le prix de l'énergie.
Lactalis reste une multinationale rentable qui s'est d'ailleurs considérablement développée à l'international, sous la direction de la deuxième, la troisième génération des Beignets. C'est une entreprise familiale avec 30 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 420 millions de profits. Un chiffre honorable même si ce n'est pas Total Energie.
Quelle solution pour Lactalis et les producteurs français ?
La question est assez large et elle vaut pour bien des secteurs de l'agriculture. Ces géants doivent-ils assurer la responsabilité du fonctionnement des fermes françaises quoi qu'il arrive ? C'est évident qu'ils ont une responsabilité, mais est-ce que cette responsabilité va jusqu'à perdre de l'argent en achetant les produits ? C'est quand même le marché qui décide. Les gros clients, ils peuvent amortir les fluctuations, mais pas les faire disparaître. La solution serait que Lactalis s'implique davantage dans la négociation du plan.
Le même problème s'était posé pour Danone, autre producteur il y a trois ans. Il a annoncé une décision similaire. qui impactait près de 200 éleveurs dans le Gers. Et puis évidemment, la solution durable, c'est de trouver d'autres débouchés pour le lait. Ce n'est pas impossible, mais c'est compliqué parce que c'est souvent à l'international. Ça nécessite un changement d'état d'esprit et d'organisation complet de la part des producteurs.
J'ai visité il n'y a pas longtemps une usine de production de lait dans le Cotentin. C'est une coopérative qui s'appelle les Maîtres Laitiers. L'année dernière, ils ont réussi à signer un contrat avec Walmart, la chaîne de distribution américaine, pour vendre en Chine. Ce contrat va leur assurer la moitié de la production. Voilà un exemple de reconversion réussie, pas facile, mais ils l'ont fait.
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