ÉDITO - Automobile : "La transition vers l'électrique asphyxie la première industrie européenne", selon François Lenglet

La route pour arriver au tout électrique est vraiment semée d'embûches. C'est le gouvernement italien qui donne l'alerte. L'interdiction de vente de véhicules thermiques neufs prévue pour 2035 va créer une grave crise en Europe, selon le ministre italien de l'Industrie, Adolfo Urso. Ce dernier va demander à Bruxelles le report pur et simple de cette date. 

Une déclaration qui fait suite à plusieurs prises de position des constructeurs européens eux-mêmes qui s'inquiètent du calendrier prévu par Bruxelles et des contraintes qui en découlent. Ils craignent un effet de ciseau fatal. Les consommateurs boudent les véhicules électriques, ils n'en veulent pas. Ces véhicules ont vu leur vente chuter de 36% d'un an sur l'autre. 

Il suffirait de vendre des voitures classiques dans l'intervalle et puis de faire la transition progressivement, mais Bruxelles impose déjà des amendes considérables aux constructeurs qui vendent trop de thermiques. Il y en aurait pour 15 milliards d'euros d'amendes cette année, notamment pour Renault et pour Volkswagen. 

En résumé, c'est dur de vendre des électriques parce que les consommateurs n'en veulent pas et c'est suicidaire de vendre des thermiques parce que Bruxelles met des amendes. Les constructeurs ont donc diminué leur production. Selon Adolfo Urso, qui est cité dans le Financial Times, la production italienne de voitures aurait chuté d'un tiers. En 2023, la production en France est revenue au niveau des années 60. 

Un risque pour l'emploi en Europe

Le risque, il est évidemment sur l'emploi et c'est ça qui inquiète les gouvernements. En Italie, en France, et puis surtout en Allemagne, où l'automobile emploie 800.000 personnes. Les règles de la transition vers l'électrique sont tout bonnement en train d'asphyxier la première industrie européenne.

Ces règles devraient être réexaminées en 2026, mais l'Italie va demander, dès la semaine prochaine, plus de flexibilité. Notamment pour la vente de thermiques propres avec des biocarburants et puis des carburants de synthèse, même après 2035, et peut-être un assouplissement du calendrier.

Il y a donc une chance pour que l'interdiction des ventes de voitures thermiques soit repoussée au-delà de 2035. Il y a d'ailleurs un précédent dans un autre domaine, le Green Deal et ces mesures.