ÉDITO - "La France a délaissé les petites lignes secondaires pour construire des lignes TGV", explique François Lenglet

Entre 2013 et 2023, le réseau ferré français a diminué de près de 3.000 kilomètres, ça représente une diminution de 9,6%, en dix ans. C’est l’une des rétractions les plus fortes en Europe, il n’y a guère que la Grèce qui fasse davantage, avec une chute de 30%. C’est Eurostat qui nous apprend cela.

Mais dans le même temps, le nombre de kilomètres de lignes à grande vitesse a grimpé chez nous, avec plus de 712 kilomètres entre 2013 et 2023, ce qui représente une augmentation d’un tiers, c’est considérable.

La France a donc délaissé les petites lignes secondaires pour construire des lignes TGV. Les mauvais esprits diront que la SNCF va là où c’est le plus rentable, le TGV, et réduit la couverture ferrée nationale. Ce n’est pas faux, mais tout cela s’explique par les transformations du pays et des Français.

L’économie française aujourd’hui, favorise les grandes villes

En effet, les TGV, relient entre elles les villes françaises et en particulier les grandes métropoles comme Lyon, Bordeaux ou encore Lille parmi tant d'autres.

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Or la France, comme bon nombre de pays, se "métropolise", c’est-à-dire que les grandes agglomérations concentrent de plus en plus de population, d’emplois et d’activité. C’est logique que les liaisons se développent davantage entre ces pôles de croissance, c’est même souhaitable.

Dans l’économie française aujourd’hui, les grandes villes ont une part prévalente, si on parle des villes et de leur périphérie large. Entre 2015 et 2021 par exemple, la croissance démographique a été deux fois plus importante en zone urbaine que dans le rural, d'après l’INSEE.

En somme, on calcule 165.000 rats des villes en plus, soit une progression annuelle de 0,4%, contre 38.000 rats des champs supplémentaires, soit seulement + 0,2%. On assiste à la même chose pour les emplois à pourvoir, ils se concentrent plutôt dans les agglomérations.

La désindustrialisation, la principale responsable de cette tendance

Il s'agit d'un phénomène planétaire, qui s’accélère, mais qui est plus marqué en France qu’ailleurs.

On peut expliquer celui-ci d’abord à cause de la montée des services dans l’économie, au détriment de l’industrie. L’industrie a besoin de place, elle était installée en dehors des villes, souvent dans les zones rurales et au bord du littoral. Les services, quant à eux, sont produits dans les zones les plus peuplées. Or, la France a beaucoup plus désindustrialisé que les autres pays européens, ses villes grandissent donc davantage.

L’autre particularisme français qui explique l’importance de l’urbain, c’est la part de la région capitale dans l’économie, tout à fait inhabituelle. L’Île-de-France compte pour un tiers de l’activité économique de la France, et près de 20% de sa population.