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ÉDITO - "L'absence de modèle économique viable a condamné l'entreprise" Carmat, estime François Lenglet

Carmat, la société qui développait des cœurs artificiels, pourrait disparaître d'ici quelques jours, à la suite d’un manque d’investissements.

L'entreprise Carmat, qui voulait révolutionner les cœurs artificiels, au bord de la faillite

Crédit : Anne-Christine POUJOULAT / AFP

La déconfiture Carmat

00:03:14

La déconfiture Carmat

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Mardi 30 septembre, le tribunal de commerce a une nouvelle fois prolongé un peu la vie de Carmat pour une très brève période, jusqu'au 14 octobre prochain. L'entreprise est en redressement judiciaire. Elle est en attente d'un éventuel repreneur, mais il ne semble pas y en avoir. Malgré les efforts du président du conseil d'administration, Pierre Bastid, lui-même actionnaire, il n'est pas parvenu à réunir les fonds. Ce sont 150 emplois qui risquent de disparaître et avec eux, les espoirs fous qu'avait fait naître le cœur artificiel français.

L'entreprise est un projet qui date de plusieurs dizaines d'années. À l'origine, il s'agit de l'idée géniale d'un médecin, le professeur Carpentier, qui a créé une prothèse en partie mécanique, en partie biologique, avec un péricarde bovin, afin de remplacer les cœurs défaillants chez les insuffisants cardiaques graves et de prolonger leur vie. Une technologie révolutionnaire qui convainc à l'époque Jean-Luc Lagardère, patron français de Matra. Airbus était d'ailleurs au capital de l'entreprise.

Au fil de son existence, Carmat aura séduit, puis découragé d'autres investisseurs, comme le spécialiste des biotechnologies Philippe Pouletty ou la BPI, ainsi que de nombreux petits porteurs qui sont aujourd'hui essorés par la faillite, parce que l'entreprise avait été cotée en bourse.

Un dispositif à 100.000 euros

Il y a tout de même quelque 120 patients qui ont reçu à ce jour le cœur artificiel et 23 sont toujours en vie. Initialement, l'affaire avait été pensée comme un substitut durable à l'organe naturel. Puis, petit à petit, le produit Carmat a été utilisé comme une solution transitoire en attendant une transplantation humaine.

Mais l'entreprise a buté sur de considérables difficultés. D'abord, elle n'est jamais parvenue à faire baisser le prix du dispositif : plus de 100.000 euros tout de même. Ensuite, elle n'a jamais réussi à produire en grande série, faute de demandes suffisantes et de réglages avec les sous-traitants. De plus, le cœur artificiel doit être rechargé de l'extérieur, ce qui nécessite la présence d'un câble sortant du thorax du patient.

Les premières greffes avaient été considérées comme une prouesse technologique. L'absence de modèle économique viable a condamné l'entreprise à être toujours en dessous de ses prévisions de chiffre d'affaires et toujours au-dessus en termes de pertes. Au total, depuis sa création, Carmat a dévoré 550 millions d'euros. Il ne lui reste donc que 15 jours pour trouver quelques dizaines de millions d'euros nécessaires à la poursuite de l'activité.

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