ÉDITO - "Il est quasi impossible d'augmenter notre pouvoir d'achat ", selon François Lenglet

Après Michel Barnier, après François Bayrou, désormais avec Sébastien Lecornu, la France est toujours à la recherche d'un budget. Mais pour beaucoup de Français, le vrai sujet, c'est de trouver de quoi boucler la fin de mois. Pourtant, si on observe sérieusement l'économie française et qu'on dit la vérité, il y a une conclusion qui s'impose : il est quasi impossible d'augmenter notre pouvoir d'achat aujourd'hui.

Le pouvoir d'achat, c'est un résultat, celui de la croissance économique et plus encore de ce qu'on appelle la productivité. Chacun d'entre nous, en principe, produit un tout petit peu plus chaque année grâce à la technologie, grâce à une meilleure organisation. La progression du pouvoir d'achat vient de là, c'est sa source unique. C'est grâce à la productivité forte des Trente Glorieuses, à l'industrialisation dans les années 60-70, que nos aînés ont connu plusieurs décennies de progression du pouvoir d'achat.

Or, aujourd'hui, la croissance est collée entre 0 et 1%. Et comme l'emploi progresse très légèrement, la croissance de notre productivité individuelle est de 0%. En ce moment, chacun d'entre nous produit à peu près comme les années précédentes, en moyenne, parce que, bien sûr, ça dépend des secteurs. Et contrairement aux longues décennies de croissance, il n'y a donc plus rien à distribuer.

L'alternative qui nous attend, c'est davantage de travail ou bien le déclin.

François Lenglet sur RTL

Depuis 20 ans, on distribue ce qu'on n'a pas en creusant le déficit. L'explication de la dette, c'est ça, en grande partie. La croissance n'est plus suffisante donc, pour faire progresser les revenus et financer nos protections sociales, on emprunte.

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Compte tenu du niveau d'endettement du pays, cette voie est fermée. L'autre solution, et la seule, c'est de prendre à Pierre pour donner à Jacques. Autrement dit, taxer les riches, taxer les retraités ou les successions pour baisser un peu les prélèvements sur les salaires. C'est certainement ce que va faire Sébastien Lecornu. Ce n'est pas très réjouissant, mais c'est sa seule marge de malheur.

L'autre mauvaise nouvelle, c'est que nous ne sommes qu'au début de cette attrition du pouvoir d'achat, parce qu'en plus, la population active diminue, ce qui va saper les fondements de l'activité économique, alors que dans le même temps, à cause du vieillissement, les dépenses vont continuer à progresser. Les années qui viennent seront donc avare en pouvoir d'achat. À vrai dire, il y a quand même une solution, ça serait que davantage de Français travaillent et qu'on travaille plus longtemps. C'est la seule façon de contrer les vents adverses qui nous attendent pour créer davantage de richesses. C'est ça l'alternative qui nous attend, c'est davantage de travail ou bien le déclin.

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