ÉDITO - François Lenglet explique pourquoi le nombre de travailleurs frontaliers français n’a jamais été aussi élevé

Environ 450.000 Français travaillent quotidiennement dans les pays limitrophes, une augmentation de 22% par rapport à 2015. François Lenglet explique pourquoi.

La frontière franco-allemande (illustration)

Crédit : SEBASTIEN BOZON / AFP

LENGLET-CO - De plus en plus de frontaliers français vont travailler au Luxembourg et en Suisse

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LENGLET-CO - De plus en plus de frontaliers français vont travailler au Luxembourg et en Suisse

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Alors que l’on s’intéresse aux étrangers qui viennent travailler en France, avec le projet de loi sur l’immigration qui est discuté au Parlement, les flux inverses, ceux des Français partant travailler à l’étranger tout en vivant en France, battent des records. Il y a quelque 450.000 Français travaillant quotidiennement dans les pays limitrophes, c’est + 22% par rapport à 2015. La France est le pays d’Europe où il y a le plus de frontaliers. Et encore, ces chiffres, publiés tout récemment, datent de 2020. Il est probable que depuis, à cause de l’essor du télétravail, le chiffre réel atteigne les 500 000 personnes.

Pour la moitié d'entre eux, ils travaillent en Suisse. Plusieurs phénomènes jouent : la Suisse est à 2% de chômage, ce qui veut dire qu’elle a un grand besoin de ressources. Les salaires y sont beaucoup plus élevés. Une infirmière gagne 6500 euros, contre moins de 2000 chez nous. Et le franc suisse a monté, ce qui améliore encore le niveau de vie des frontaliers.

Les écarts de salaire attirent

Le second pays est le Luxembourg, qui accueille quelque 100.000 travailleurs. Là encore, c’est l’écart de salaire qui attire les Français, au point que la route qui va de Metz au Luxembourg, le matin, n’est qu’un embouteillage. La rémunération médiane dans le Grand Duché est de 4.000 euros, contre un peu plus de 2.000 euros en France : près de deux fois plus.

Les autres pays d’accueil sont l’Allemagne, quoique de moins en moins, la Belgique, Monaco et l’Espagne, ce dernier pays comptant pour 5.000 personnes seulement.

Ces frontaliers français viennent bien évidemment des régions limitrophes. C’est l’Est de la France et la région Rhône-Alpes qui fournissent l’essentiel des contingents. Sur la seule région Bourgogne Franche-Comté, qui possède une frontière commune avec la Suisse, il y a 44.000 frontaliers, +10% en 2022, en particulier dans le Doubs. Mais ce qui est intéressant, c’est qu’il y en a désormais bien plus loin de la frontière, en Haute-Saône et en Côte d’or – c’est bien sûr le développement du télétravail qui l’explique.

De quels emplois s'agit-il ?

Il s'agit d'emplois de plus en plus qualifiés, bien davantage que les emplois de leur région française d’origine. Entre 1999 et 2019, selon l’INSEE, le nombre de professionnels très qualifiés a été multiplié par cinq pour ceux qui travaillent au Luxembourg, ce sont pour beaucoup, des emplois dans la finance, et par 3,4 pour les Français partant en Suisse.

À l’inverse, le nombre d’ouvriers non qualifiés décroît, notamment ceux qui partaient en Allemagne. La proximité de la Suisse et du Luxembourg est en train de vider littéralement les bassins d’emplois français de leurs compétences qualifiées, à cause de la différence de salaire. Et cela vaut plus encore pour les professions de santé, les infirmiers en particulier.

Il y a aussi des frontaliers étrangers qui viennent en France, mais ils sont 15 000 seulement. Ils viennent d’Allemagne, de Belgique, d’Espagne et d’Italie. Quant aux Luxembourgeois et aux Suisses qui viennent en France, on les voit plutôt au mois d’août. Et ça n’est généralement pas pour travailler, mais plutôt pour dépenser leurs confortables salaires.

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