La présidence Trump pourrait profondément remodeler l'industrie européenne et pas uniquement à cause du protectionnisme avec les droits de douane. Donald Trump va exercer son influence sur au moins trois secteurs : l'énergie, l'armement et la technologie.
Tout d'abord l'énergie. Le président est obsédé par le pétrole et le gaz. Il a d'ailleurs déclaré lors de son discours d'investiture l'état d'urgence énergétique pour développer la production de ce qu'il appelle l'"or liquide", c'est-à-dire le pétrole. Il a aussi annoncé vouloir exporter massivement et en particulier vers l'Europe qui importe encore beaucoup du gaz liquéfié russe, une quinzaine de millions de tonnes.
Pour forcer l'Europe à lui acheter son gaz, Donald Trump peut menacer le continent de tarifs douaniers ou étendre les sanctions américaines sur le gaz liquéfié russe qui sont aujourd'hui hors du dispositif de sanction à la demande des Européens.
En matière d'armement, il va y avoir une pression forte de la part de Donald Trump pour que l’Europe dépense davantage au plan militaire face à la Russie. Il y a déjà eu une évolution. Les dépenses militaires en Europe sont aujourd'hui 70% supérieures à celles de 2014. Il y a 15 pays qui font plus que 2% de leur PIB pour l'armement, mais il va falloir faire davantage.
Ce n'est pas mauvais pour la France, qui possède l’une des meilleures industries d’armement du monde. C’est 30 milliards d’euros de chiffre d'affaires avec des géants comme Dassault, Naval Group ou Thalès. Tant à cause du contexte géopolitique que de l’élection de Donald Trump, on peut attendre que l’armement redevienne un secteur central de l’économie, et qu’il y ait des consolidations d'entreprises.
La technologie va être aussi l'un des fronts du deuxième mandat de Donald Trump. Toutes les tentatives pour réguler les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), vont être contrées. Les Américains vont exiger que l'Europe renonce au fameux DSA, Digital Services Act, qui protège le consommateur.
Facebook a d'ailleurs complètement abandonné la modération de ses réseaux sociaux, c'est-à-dire le filtrage des messages pour éliminer ce qui pouvait être jugé dangereux. Aux États-Unis, on veut la liberté totale. Il va y avoir confrontation, il y aura certainement des amendes qui vont frapper les GAFA, et cela va déclencher des mesures de rétorsion de Washington à coup sûr.
Le vrai changement, c'est que l'Amérique entre dans une confrontation avec l'Europe comme si nous étions un autre continent. Il n'y a plus de camp occidental, il n'y a plus que des deals pour lesquels Donald Trump joue le rapport de force. C'est un peu le plan Marshall à l'envers. C'est un retournement qui va être désagréable, parce qu'il va souligner nos faiblesses, notamment dans l'énergie et la technologie.
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