Ukraine, Proche-Orient, Afrique : l'insolente santé du secteur de l'armement

Le secteur de l'armement ne connaît pas la crise. Les 100 plus gros fournisseurs d’armes dans le monde ont vu leur chiffre d’affaires bondir de 4,2%, l’an dernier. C’est ce qui ressort du rapport annuel de l’Institut International de Recherche sur la Paix de Stockholm. On n’avait pas vu un tel niveau d’achats depuis la Guerre Froide : 632 milliards de dollars, soit 600 milliards d’Euros. 

Pour la première fois de l’histoire, les 100 plus grosses entreprises d’armement ont enregistré un chiffre d’affaires supérieur à 1 milliard de dollars et pour cause : où qu’on regarde, il n’y a pas une zone dans le monde sans conflit majeur : Ukraine, Proche-Orient, conflits régionaux en Afrique, Taïwan…
 
Les États-Unis, gendarme du monde, fournissent massivement toutes les guerres du globe. Sur les 100 plus gros vendeurs d’armes, on retrouve 41 entreprises américaines. Elles réalisent la moitié du chiffre d’affaires du secteur. On trouve Lockheed Martin qui fournit notamment des missiles, Boeing avec des drones, Northrop Grumman et ses bombardiers furtifs... Leur premier client reste l'Amérique, mais ils rayonnent dans le monde entier.
 
La France est le deuxième fournisseur européen. Nous avons 5 acteurs majeurs : le Commissariat à l'énergie atomique pour tout ce qui touche au nucléaire, Dassault Aviation, Naval Group, Safran et Thalès. Ces entreprises ont réalisé un chiffre d’affaires de 25,5 milliards de dollars l'an dernier. Quand on achète pour 5 dollars d’armes européennes, il y a 1 dollar français. Le pays reste un acteur majeur du secteur même si le Royaume-Uni est deux fois plus gros que nous grâce à son champion BAE Systems.
 
Mais, en Europe, les ventes de la France stagnent et c’est pour ça qu’on a du mal à fournir l’Ukraine, car on est au maximum de nos capacités de production. Le chiffre d’affaires des français est même en baisse parce qu'on avait vendu 92 Rafale en 2022, ce qui était une année exceptionnelle.
 
Les pays en conflit eux-mêmes profitent parfois de la guerre. Une guerre réveille le patriotisme économique évidemment. En Russie, les deux plus gros acteurs locaux ont augmenté leurs ventes de 40% en un an. C’est leur propre gouvernement qui a acheté des armes.

La Chine surveille Taïwan et se prépare à l’ingérence de l’Amérique de Trump. Le pays est déjà le deuxième producteur d’armes au monde. Et au Proche-Orient, le chiffre d’affaires a atteint près de 20 milliards, en hausse de 18%. Les ¾ sont des achats israéliens et ça ne prend pas encore en compte la montée en puissance depuis le 7 octobre 2023.
 
Malheureusement, les ventes devraient continuer à progresser. Les investissements dans l’armement se sont poursuivis au Proche-Orient, le front Ukrainien n’est pas stabilisé. Les carnets de commandes sont pleins et les géants du secteur ont du mal à fournir leurs clients. Il y a du retard de livraison, car on manque de semi-conducteurs comme partout. Il n’y a donc aucune raison que le marché des armes ne désarme, hélas !