L’annonce émanait de la CRE, la commission de régulation de l’énergie, chargée de suggérer au gouvernement les évolutions du tarif réglementé : il y aura une hausse de 10 à 20% début 2024. Fureur immédiate à Matignon et à Bercy devant ce chiffre considérable. Du coup, Bruno Le Maire prenait la parole dans l’après-midi pour assurer qu’une telle hausse était exclue. Et la CRE modifiait son site internet avec un communiqué rectificatif un peu alambiqué.
Le sujet est politiquement explosif. Le tarif réglementé est payé par plus de 20 millions de ménages et plus d’un million de petits commerçants et artisans. Il a déjà augmenté de 15% en février dernier, et encore de 10% en août. Alors que, dans le même temps, l’inflation générale ne s’est pas calmée. Ça explique la vive réaction de Bercy.
Parce que le coût réel de l’électricité est bien supérieur au prix que nous payons aujourd’hui, même après les fortes augmentations de cette année. Les cours avaient littéralement explosé lors du déclenchement de la guerre d’Ukraine. Ils ont baissé depuis, mais restent encore largement au-dessus des prix d’avant-guerre. Les consommateurs au tarif réglementé ont été protégés de la très forte hausse momentanée, et un décalage entre le prix réel et le prix facturé subsiste.
L’État paye ce décalage avec le bouclier tarifaire, qui aura quand même coûté trente milliards d’euros sur l’année 2023. En clair, quand ce n’est plus l’abonné qui paye, ce n’est pas gratuit pour autant, c’est le contribuable qui met la main à la poche. Cette politique de blocages des prix de l’énergie, toute utile qu’elle est, coûte, en 2023, la moitié du budget des armées françaises. Ça ne peut pas durer ainsi.
Le tarif réglementé va augmenter. Sans doute pas autant que la fourchette donnée par la CRE hier, au moins pas en une fois. Mais il y aura probablement des augmentations significatives en 2024, pour alléger le coût du bouclier tarifaire. Et les années qui suivent ne seront pas plus clémentes.
Car nous avons devant nous deux gigantesques chantiers d’investissements, la mise à niveau du réseau de transport et de distribution, à cause de la multiplication des usages. Toute l’activité, les usines, les transports, le chauffage, est en train de s’électrifier, pour sortir du carbone. Et bien sûr le renouvellement du parc de centrales nucléaires.
Des dizaines de milliards d’euros pour la seule première tranche. La construction de nouveaux réacteurs va s’étaler sur des décennies. Là encore, nous serons confrontés toujours au même choix : faire payer l’utilisateur ou le contribuable. Il y a fort à parier que vu l’ampleur des sommes en cause, les deux soient sollicités. Vous verrez que bientôt, le fait d’oublier d’éteindre la lumière en sortant, ça sera un motif de divorce reconnu par les tribunaux !
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