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Transition énergétique : l'Allemagne tourne la page du nucléaire, le pays divisé

Berlin met fin à des décennies d’utilisation de l’atome et mise désormais sur les énergies renouvelables.

Une centrale nucléaire (illustration)
Une centrale nucléaire (illustration)
Crédit : JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
La Rédaction RTL & AFP
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Samedi 15 avril 2023, l'Allemagne a mis à l'arrêt ses trois derniers réacteurs nucléaires, aboutissement de plus de 20 ans d'abandon progressif de l'énergie atomique dans le pays, malgré les controverses et la récente crise énergétique en Europe.

La première puissance industrielle d'Europe a respecté, à quelques mois près, le calendrier de la transition énergétique fixé au début des années 2000 et accéléré en 2021, après la catastrophe de Fukushima, par un revirement spectaculaire de l'ex-chancelière Angela Merkel.

Cette stratégie de renoncement à l'atome, perçu comme dangereux par de larges pans de la population, déconcerte nombre de partenaires de l'Allemagne qui estiment que le nucléaire a un rôle à jouer pour décarboner la production d'électricité.

La crise gazière déclenchée par la guerre d'Ukraine a mis une pression supplémentaire sur Berlin. Et relancé le débat, dans la classe politique comme au sein de l'opinion, sur l'opportunité de fermer les centrales.

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La sortie du nucléaire "arrive trop tard et non trop tôt" a lancé samedi 15 avril lors d'un rassemblement à Berlin le député Jürgen Trittin, figure du parti des Verts.

Le consensus autour de la sortie du nucléaire s'est effrité

Depuis 2003, le pays a déjà fermé 16 réacteurs. L'invasion de l'Ukraine a marqué une césure. Privée du gaz russe dont Moscou a interrompu l'essentiel des flux, l'Allemagne s'est retrouvée exposées aux scénarios économiques les plus noirs.

Le gouvernement d'Olaf Scholz a prolongé le fonctionnement des réacteurs de quelques mois, par rapport à l'arrêt initialement fixé au 31 décembre. L'hiver s'est finalement passé sans pénuries, la Russie a été remplacée par d'autres fournisseurs de gaz mais le consensus autour de la sortie du nucléaire s'est effrité

"C'est une erreur stratégique, dans un environnement géopolitique toujours tendu", a affirmé Bijan Djir-Sarai, secrétaire général du parti libéral FDP, pourtant partenaire de la coalition gouvernementale d'Olaf Scholz et des écologistes.

Pour le chef de l'opposition conservatrice (CDU) Friedrich Merz, l'abandon du nucléaire est le fruit d'un "parti pris fanatique".

Les trois dernières centrales n'ont fourni que 6% de l'électricité produite en Allemagne l'an dernier, alors que le nucléaire représentait 30,8% du mix en 1997. Entre-temps, la part des énergies renouvelables a atteint 46% en 2022 contre moins de 25%  dix ans plus tôt. 

Le charbon représente un tiers de la production électrique

Mais en Allemagne, le plus gros émetteur de CO2 de l'Union européenne, le charbon représente un tiers de la production électrique, avec une hausse de 8% l'an dernier pour faire face à l'absence de gaz russe.

L'Allemagne, par ailleurs, préfère se concentrer sur son objectif de couvrir 80% de ses besoins en électricité grâce aux énergies renouvelables dès 2030, tout en fermant ses centrales à charbon en 2038 au plus tard. 

"Au cours des dix dernières années, l'Allemagne n'a pas fait progresser le développement des énergies renouvelables autant qu'il aurait été nécessaire pour la protection du climat et la transition énergétique", explique à l'AFP Simon Müller, directeur Allemagne du centre d'études Agora Energiewende.

Il faudra installer "4 à 5 éoliennes chaque jour" au cours des prochaines années pour couvrir les besoins, a prévenu Olaf Scholz. 

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