Coronavirus : le prélèvement à la source est "un atout", selon Martial You
À partir de ce lundi, on peut remplir sa déclaration de revenus pour les impôts 2020. La campagne aura lieu jusqu'au mois de juin.

Même en cette période de crise, il faut penser aux impôts. Mais alors, l'impôt sur le revenu a-t-il du sens cette année face à la crise économique qui nous menace ? C'est vrai que cette déclaration de revenus a un parfum de monde d'avant. Un peu comme si on revenait dans sa maison de vacances après un an d'absence.
Il est loin le temps où Gérald Darmanin annonçait que l’État faisait baisser l'impôt des français de 5 milliards, environ 350 euros en moyenne pour les foyers. C'est l'époque où on s'inquiétait de savoir si on respecterait les 3% de déficit, si la croissance 2020 serait de 1,2 ou 1,3%. Car toutes les projections de recettes fiscales ont volé en éclat ces dernières semaines.
On parle d'une chute de la croissance entre 8 et 10%. L'impôt sur le revenu va forcément rapporter moins que d'habitude. Combien en moins ? On ne sait pas. En temps normal, c'est un peu plus de 70 milliards, mais il y a tous les salariés au chômage partiel, qui vont corriger leur situation et adapter leur taux puisque leurs revenus sont moins importants que prévu. Il y a toute une partie des indépendants et des professions libérales qui n'auront plus de revenus non plus.
Chute de la TVA
Tout ça s'accompagne d'une chute faramineuse des rentrées de TVA (l’impôt le plus lucratif pour l’État. La TVA rapporte le double de l'impôt sur le revenu, 140 milliards), chute des taxes sur le carburant, chute de l'impôt sur les sociétés, chute des charges sociales... Finalement le prélèvement à la source est un atout dans ce climat instable. On va pouvoir adapter l'impôt au revenu des ménages en temps réel.
Ça permet de lisser l'impact de la crise. Les aides de l’État viennent aider les Français au moment où la crise est la plus forte et on n'a pas à payer aujourd'hui les impôts sur les revenus de 2019 (année plutôt bonne) alors qu'on est à l'arrêt. Ça permet aussi de rebondir plus vite en évitant l'inertie fiscale qu'on connaissait avant.
En fait, le budget global de l’État ne veut plus rien dire. D'un côté, vous avez des recettes en chute libre, environ 45 milliards de rentrées en moins. De l'autre, vous avez des dépenses de l’État qui explosent puisqu'il paie les salaires d'un employé sur deux au chômage partiel et finance la trésorerie des entreprises, environ 45 milliards d'euros de sorties non prévu. Voilà comment on arrive à des chiffres qui dépassent les 100 milliards de soutien public.
Va-t-on payer les pots cassés ?
2020, l’État dépense sans compter pour sauvegarder l'économie. 2021, l’État dépensera sans compter pour financer un plan de relance. 2022, on parlera élection présidentielle mais, ensuite, il y aura forcément un moment où on devra régler la note.
Est-ce que ce sera via une hausse d'impôts ? Via un impôt exceptionnel sur le patrimoine financier un nouvel ISF ou un impôt Covid comme il y avait eu un impôt sécheresse en 1976 ? Personne ne peut le dire aujourd'hui. On est là dans le monde d'après le monde d'après et personne ne veut voyager dans le futur en ce moment.
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