Coronavirus : des "coronabonds" pour sauver l’économie de l'UE
ÉDITO - Pour parvenir à faire face à la crise économique consécutive à la pandémie de coronavirus, neuf gouvernements européens ont fait la demande, auprès du Conseil européen, d'une dette mutualisée appelée "coronabonds".

Au cœur de la crise du coronavirus qui touche l'ensemble de l'Europe, neuf gouvernements européens, parmi lesquels la France, l'Italie et l'Espagne, ont écrit mercredi 25 mars au patron du Conseil européen, le belge Charles Michel, pour lui demander que l'Europe lance un nouvel emprunt, des obligations "corona", ou "coronabonds" en anglais.
Cette demande a été faite juste avant une réunion importante par vidéoconférence, dans la soirée de ce jeudi 26 mars, où les chefs d'état et de gouvernement doivent se mettre d'accord sur une stratégie anti-crise commune.
Avec ces "coronabonds", l'Europe émettrait des obligations, en appelant les investisseurs du monde entier à lui prêter des dizaines de milliards d'euros. Des sommes colossales qui seraient alors distribuées aux pays membres dans le but de lutter contre les effets de la crise sanitaire.
L'intérêt est ici bien plus intéressant que si ces pays empruntaient par eux-mêmes. En effet, les pays peuvent emprunter chacun de leur côté, mais chacun avec son propre taux d'intérêt. L'Italie paye actuellement son argent près de 2% l'an, alors que l'Allemagne emprunte encore à taux négatif, à moins 0,3 %.
En faisant un emprunt groupé, avec une garantie commune de tous les pays, l'Europe bénéficierait de la réputation sérieuse des pays du Nord, Allemagne en tête, et profiterait ainsi d'un taux d'intérêt certes moins bon que Berlin, mais bien meilleur que Rome. En fait, les "coronabonds" sont une forme de mutualisation de la dette entre pays européens.
Les pays européens divisés face aux "coronabonds"
Toutefois, cette option ne fait pas encore l'unanimité parmi les pays de l'Union Européenne. L'Allemagne et les Pays-Bas sont furibards de cette initiative et disent qu'il est trop tôt pour utiliser un tel instrument. Ils estiment que la zone euro a déjà un fond de sauvetage qui pourra le cas échéant aider ceux qui en ont besoin.
Le problème, c'est que ce fond n'intervient en principe que pour les pays surendettés, en exigeant en contrepartie des réformes structurelles lourdes comme ce fut le cas de la Grèce, au lendemain de la crise financière de 2008. Les défenseurs du "coronabond" leur répondent ici qu'il n'y pas à exiger de contreparties puisqu'il s'agit de solidarité.
Avec les "coronabonds", l'Allemagne redoute de mettre les doigts dans un engrenage infernal et a par ailleurs le sentiment justifié d'avoir fait des efforts pour redresser ses comptes, à l'inverse d'autres pays comme la France notamment. À l'inverse, l'Italie, qui a été abandonnée face à la crise migratoire et qui a subi une hausse des taux d'intérêt dans les premiers jours de l'épidémie, se demande à quoi sert l'Europe. En résumé, la réunion en téléconférence de ce jeudi 26 mars risque d'être très mouvementée.
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