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Alcool : pourquoi "boire tue" n'est pas écrit sur les bouteilles ?

Selon une étude de Santé publique France, 10% des Français boivent de l'alcool tous les jours. Pourtant, les messages de prévention notamment sur les bouteilles sont très timides. RTL vous explique pourquoi la mention "boire tue" n'y figure pas.

Un consommateur d'alcool.
Un consommateur d'alcool.
Crédit : Martin Bertrand / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
ALCOOL - Pourquoi il n'y a pas écrit "boire tue" sur les bouteilles
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Agathe Landais - édité par Sarra Djeghnoune

Sur les bouteilles d'alcool, les messages de préventions sont timides. On est loin de la mention "fumer tue" inscrite en gros caractères sur les paquets de cigarettes depuis déjà près de 20 ans. Pourtant l'alcool c'est la deuxième cause de cancer évitable en France, juste après le tabac. C'est aussi la première cause de mortalité sur nos routes, et la première cause d'hospitalisation. Un conducteur excessivement alcoolisé (avec une alcoolémie supérieure à 0,5g/l dans le sang) est en cause dans un accident mortel sur trois.

Sur les bouteilles d'alcool en elles-mêmes on ne trouve pas vraiment de message de prévention. À part un petit pictogramme, apposé depuis 2007, représentant une femme enceinte barrée qui indique qu'il ne faut pas boire pendant la grossesse. Il y a un an, le parlement européen avait essayé de proposer une étiquette portant la mention "le vin nuit à votre santé", mais face au tollé des lobbies viticoles, le projet avait été abandonné. On aura bien un nouvel étiquetage en décembre sur nos bouteilles, mais il va simplement nous informer de la liste des ingrédients, et de la valeur nutritionnelle des alcools.


Pour comprendre pourquoi il n'y a pas de message de prévention il faut retourner en 2018. Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, voulait accentuer la prévention envers les femmes enceintes puisque 10% d'entre elles consomment de l'alcool pendant la grossesse. 

La ministre proposait d'augmenter la taille du petit pictogramme sur les bouteilles. Chez nos confrères de France 2, elle rappelait alors que l'alcool est dangereux pour la santé. Et que le côté sentimental du vin, vanté dans leurs publicités par le lobby viticole, est néfaste. "Aujourd'hui l'industrie du vin laisse à croire que le vin est un alcool différent des autres alcools. Laisser penser à la population française que le vin serait protecteur, apporterait des bienfaits que ne font pas les autres alcools. C'est faux", affirmait-elle.

Le lobby du vin opposé aux bouteilles étiquetées

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Suite à ces propos, les professionnels du vin étaient vent debout. Ils se sentaient pointés du doigt et disaient que cette attaque envers leur filière était indigne. Très vite, Agnès Buzyn a été désavouée par ses collègues au sein même du gouvernement, notamment par le porte-parole, Christophe Castaner. "Évidemment qu'il y a de l'alcool dans le vin, mais c'est un alcool qui n'est pas fort et qui fait partie de notre tradition, de notre culture, de notre identité nationale. Il n'est pas notre ennemi", a-t-il assuré sur BFMTV et RMC.

Dans la foulée, Emmanuel Macron ironisera même sur le sujet, à l’Élysée, lors d'une réception avec des viticulteurs. "Moi, je bois du vin midi et soir, mais il parait que ce n'est plus à la mode", avait-il déclaré. Cet épisode a mis du plomb dans l’aile à toute nouvelle initiative pour encadrer la consommation d'alcool.

Si ça bloque autant c'est parce que le gouvernement fait en permanence l'équilibriste entre d'un côté, les problématiques de santé et de l'autre les enjeux économiques. Contrairement au tabac, l'alcool et en particulier le vin que nous consommons est produit en France. Donc il est plus facile de lutter contre le tabac en augmentant le prix des cigarettes que de s’attaquer à l’alcool.

Les gouvernements ont beaucoup plus de mal à acter de vraies mesures pour diminuer la consommation d'alcool, alors qu'un Français sur 10 boit tous les jours. Aujourd’hui, Emmanuel Macron préfère appeler à la modération et miser sur des campagnes de communications ciblées sur les plus fragiles : les jeunes et les femmes enceintes. 

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