Ce mardi 3 septembre, jour de l'ouverture du Grenelle, on dénombre 101 femmes mortes depuis le début de l'année sous les coups de leur conjoint. On atteint un dramatique record. Comment en-est-on arrivé là ? N'existe-t-il rien pour protéger ces femmes?
Pourtant, la loi française est plutôt bien faite. Ordonnance de protection, mesure d'accompagnement protégé, téléphone grave danger, les dispositifs existent mais ils ne sont pas assez appliqués. Résultat, les femmes victimes de violence ne savent souvent pas vers qui se tourner, elles sont souvent mal prises en charge, mal écoutées, mal orientées.
Christelle a fui un mari violent, et ça fait deux ans qu'elle est en procédure. "J'ai eu l'impression d'être seule. J'ai eu un premier juge qui n'a pas compris la situation", témoigne-t-elle. "On a l'impression que c'est nous qui sommes fautives de ce qui se passe".
Heureusement pour elle, elle a composé le 3919 (numéro d'écoute national) et en attendant que la justice passe, elle est prise en charge par une association qui la conseille, la protège et la soutient
Les femmes victimes de violence ne sont pas toujours assez pas prises au sérieux. L'accueil dans les commissariats est très variable, les classements sans suite sont très fréquents (62%), et les femmes sont souvent contraintes de rentrer chez elle.
Claire a été victime de violences conjugales, elle témoigne sur les difficultés qu'elle a rencontrées. "Ni les forces de l'ordre, ni les psychiatres, ni les services médicaux ne sont à l'écoute de ces femmes", estime-t-elle. Chez les forces de l'ordre, "nous avons des hommes (...) qui ne sont pas à leur écoute, qui vous font culpabiliser en vous demandant si ce n'est pas vous qui avez provoqué la situation", raconte encore Claire, dont le témoignage est à réécouter intégralement en haut de cet article.
Résultat, seulement une sur cinq porte plainte. Beaucoup des femmes mortes cette année avaient déposé plainte, même plusieurs fois. Six pour Julie, 35 ans, tuée par son mari en mars dernier. Cinq pour cette autre femme, poignardée en bas de son immeuble par son ex-conjoint en janvier.
Et il n'y a pas que la plainte. Faire constater les blessures dans les UMJ, les unités médico-judiciaire. Là encore, c'est un parcours du combattant comme l'explique Hélène Bidard, adjointe à la mairie de Paris et présidente des élus contre les violences faites aux femmes :
"Votre conjoint vous frappe. Vous déposez plainte. Vous voulez des preuves médico-légales. Donc vous devez aller dans les UMJ pour faire constater les ITTS (Interruption temporaire de travail). Des UMJ, il y en 46 en France, ça veut dire qu'il y a des départements entiers de femmes qui doivent aller dans le département d'à côté", explique-t-elle.
Il faut 10 mois d'attente à Lyon pour obtenir une place en hébergement d'urgence. À Paris, cela fait deux ans que la mairie attend les financements de l'Etat pour ouvrir trois centres. Résultat, ce sont les associations qui prennent le relais, avec leurs maigres moyens, comme le raconte Adeline, ancienne femme battue et membre du collectif Putain de Guerrière.
" On sauve des vies tous les jours. Encore hier, on a extrait une nana pour la sauver et on a été faire cela avec nos moyens. On paye des chambres d’hôtel, des billets, des Uber", explique la militante.
Sans parler des Téléphone Grave Danger, vous savez ces téléphone d'urgence qui permettent aux femmes d'alerter la police. L'année dernière, deux tiers d'entre eux dormaient dans les tiroirs des magistrats.
Les associations ont déjà soumis plusieurs propositions, notamment la mise en place d'un lieu unique dans les départements pour porter plainte, constater les blessures, et voir des psychologues.
Il y a aussi la formation de tous les personnels : policiers, magistrats, assistantes sociales, médecins pour permettre une meilleure évaluation du danger que représente un homme violent et surtout mieux condamner cette violence.
Les associations réclament aussi 1 milliard d'euros par an pendant 4 ans pour vraiment prendre en charge les femmes victimes de violences. Pour l'instant, Marlène Schiappa annonce un million d'euros, soit 10.000 euros par département.
Le Grenelle contre les violences conjugales démarre donc ce mardi, et se réunira régulièrement jusqu'au 25 novembre prochain.
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