La chirurgie esthétique fait de nouveaux adeptes chaque année. En moyenne près de 1.500 interventions sont assurées par jour en France, sur des patients toujours plus jeunes. Pour la première fois les 18-34 ans sont plus nombreux que les 50-60 ans à recourir aux interventions esthétiques. La demande des jeunes patients augmente de 20% par an. Pourtant la chirurgie coûte cher et les risques sont bien présents.
Le Docteur Ohana constate ce fléau et parle désormais de génération "selfie". Selon lui, tous arrivent dans son cabinet de consultation avec leurs téléphones portables et lui montrent des photos captées sur Instagram ou Snapchat. "Avant c'était les stars, on arrivait et on disait 'je veux ressembler à telle star'. Maintenant c'est surtout les réseaux sociaux, les influenceuses qui ont pris le pas" explique le médecin.
On ne compte plus les people et autres stars de la télé-réalité qui n'hésitent pas à poser sur leurs réseaux sociaux des vidéos de leurs opérations de chirurgie esthétique. La plupart du temps, ils transmettent le nom de la clinique ou celui des médecins, souvent en Tunisie. Une promotion envoyée à leurs centaines de milliers voire millions d'abonnés.
Parmi ces jeunes qui se sont lancés dans un acte chirurgical grâce ou à cause de ces personnalités il y a Sophia. À Tunis, elle a subi une liposuccion suivi d'un lippofilling censés remodeler sa silhouette pour 2.350 euros soit deux à trois fois moins cher qu'en France. Mais 9 mois après, la jeune femme se dit déçue du résultat : "Je suis comme avant et je suis toujours aussi grosse. On dirait une boule", déplore-t-elle. Elle a recontacté plusieurs fois son chirurgien pour qu'il rectifie son travail, en vain.
Muriel Bessis, présidente de l'association des réussites et des ratés de la chirurgie esthétique explique qu'"il existe d'excellents chirurgiens en Tunisie mais d'autres personnes travaillant pour les agences de voyage opèrent à la chaîne et donc forcément bâclent", explique-t-elle.
L'auteur de la vidéo qui a inspiré Sophia est Sam Zirah, youtubeur spécialisé dans les interviews de stars. Sur place, il comprend que la clinique et l'agence de voyage veulent faire de lui un rabatteur. "On m'avait clairement dit 'actuellement on tourne entre 15 et 30 patientes françaises par mois. Notre objectif après la vidéo c'est d'en avoir entre 100 et 150'" explique-t-il. En échange de cette vidéo, on lui proposait "une somme confortable", qu'il a refusé.
"J'ai mis la main sur un contrat qui propose à un couple de candidats de télé-réalité, la somme de 6.000 euros par mois sur une période d'un an. Il est précisé que cette somme sera revue en fonction de la popularité qui augmentera tous les 100.000 abonnés" déclare Sam Zirah.
Ce type de publicité n'est pas illégale mais pour le youtubeur, elle est amorale : "Là, on est dans un discours de propagande, on est dans une apologie et le discours n'est pas tempéré sur des audiences souvent très jeunes. L'objectif c'est de leur intégrer dans le cerveau dès le plus jeune âge qu'il ne faut pas s'accepter soi-même, qu'il faut tout modifier. Et ça pour moi c'est un problème", confie-t-il.
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