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Brigitte Bardot, le 8 mai 1974
Crédit : AFP
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Elle a été la première Marianne de France. Brigitte Bardot est morte à l'âge de 91 ans ce dimanche 28 décembre. Actrice et chanteuse, l'icône française a pris sa retraite artistique en 1973, au sommet de sa carrière. Son aura a dépassé le monde culturel, pour arriver à celui de la politique. Saluée par la gauche dans les années 1960, Brigitte Bardot se rapproche ensuite de la droite, puis de l'extrême droite. Affichant une constante : la lutte pour la cause animale.
En 1971, l'actrice prête ses traits au buste de Marianne, affichée dans les communes françaises. C'est la première fois que le visage de la République s'inspire de celui d'une personnalité française. Cette idée revient au général de Gaulle qui appréciait l'artiste. "L'image de Brigitte Bardot représentant la République est une image royale", réagissait Brigitte Bardot des années plus tard sur France Culture.
"C'est extraordinaire, car même si il y en a eu d'autres depuis - et même si ce sont des femmes très belles qui ont posé pour Marianne - j'essaie d'être complètement impartiale, mais je trouve que c'est la mienne la plus jolie", commentait-elle. "C'est la plus réussie, la plus sobre et puis elle a été la première. Pour moi, il faut toujours être premier dans la vie. (...) C'est un symbole de moi qui restera."
En 2017, Brigitte Bardot racontait, dans un entretien à TV Magazine, avoir été "élevée par un père et un grand-père qui se sont battus pour la France" et qui lui ont "inculqué l’amour de la patrie". Si l'actrice n'a jamais caché avoir des idées proches de celles du Front national, puis du Rassemblement national, elle reçoit le soutien de la gauche en 1961 .
Comme le rapporte Le Point, Brigitte Bardot, alors âgée de 27 ans, reçoit une lettre de menace de l'OAS. En pleine guerre d'Algérie, l'Organisation de l'armée secrète a voulu lui soutirer 50.000 francs. Le courrier se conclut par une tentative d'intimidation : "L'inexécution de cet ordre amène l'entrée en action des sections spéciales de l'OAS". Brigitte Bardot décide de rendre publique la lettre et de porter plainte contre l'OAS, via son avocat, Robert Badinter.
Sept ans plus tard, B.B. est invitée à l'Élysée par le général de Gaulle. "De Gaulle, je l’adorais", expliquait-elle en 2018 à Paris Match. "À l’Élysée, je n’ai pas dit : 'Bonsoir Monsieur le président de la République' mais 'Général'. Il m’a répondu en souriant avec gentillesse : 'Madame, c’est le cas de le dire.'"
Brigitte Bardot a aussi côtoyé ses successeurs. "J’ai rencontré Georges Pompidou, avec qui je dînais assez souvent chez Marie-Hélène et Guy de Rothschild. Il était chaleureux, affable, rigolo, pas du tout imbu de sa personne. Je sais que si j’avais eu quelque chose à lui demander, il m’aurait aidée", déclarait-elle.
J’ai évoqué diverses questions animalières, dont trente urgentes. D’un air hautain et prudent, il m’a assuré qu’il s’en occuperait… Rien n’a suivi !
Brigitte Bardot à propos de François Mitterrand
Loin de son statut d'égérie, Brigitte Bardot souhaitait que les présidents l'"aident" dans ses "combats". Ce sera notamment le cas de Valéry Giscard d'Estaing. "Absolument charmant lui aussi", décrivait-elle.
Celui qui a gouverné la France de 1974 jusqu'à 1981 "m’a soutenue deux fois", ajoutait-elle. "Il a fait stopper l’importation en France des peaux de blanchons, les bébés phoques blancs. Et également les expérimentations pour les ceintures de sécurité avec des singes sanglés dans des voitures propulsées contre un mur de béton. Un massacre ! Après, on s’est souvent téléphoné car je lui en étais reconnaissante. Et, un jour, il est venu chez moi à Paris", se remémorait l'actrice auprès de Paris Match.
La liste continue : François Mitterrand "m’a invitée à déjeuner à l’Élysée". "J’ai évoqué diverses questions animalières, dont trente urgentes. D’un air hautain et prudent, il m’a assuré qu’il s’en occuperait… Rien n’a suivi !", regrettait-elle.
Brigitte Bardot : d'une icône du cinéma à la défense des animaux
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Brigitte Bardot n'a jamais perdu de vue sa mission de militer en faveur de la cause animale. Ignorant les compliments de Jacques Chirac qui l'appelait "petite biche", la militante gardait le cap : "Moi, mon but était qu'il fasse, entre autres, fermer les animaleries des quais. Et là, il n'y avait plus personne". Même déception concernant Nicolas Sarkozy.
Puis arrive François Hollande en 2012. "Je me suis juste entretenue au téléphone avec lui pour l’alerter sur le braconnage des éléphants en Afrique. Il a tenu parole. Et quand je lui écrivais, il me répondait toujours. Je trouve cela d’autant plus correct qu’il savait que je n’étais pas de son bord", reconnaissait-elle.
L'histoire se compliquera avec l'élection d'Emmanuel Macron et son éphémère ministre de l'Écologie, Nicolas Hulot. De ce dernier, l'icône dira dans Var Matin qu'il est "un trouillard de première classe, un indécis et un type qui ne sert à rien..." À l'époque, Yannick Jadot, candidat Europe Écologie-Les Verts pour les élections européennes de 2019, trouve grâce à ses yeux. Elle soulignera notamment sa "détermination" et sa "volonté de changer les choses".
Si Brigitte Bardot a côtoyé tous les présidents de la Ve République, ses idées politiques se rapprochent plutôt de celles du Front national. En 1993, elle épouse Bernard d'Ormale, un conseiller de Jean-Marie Le Pen. Aux municipales de 1997 à Vitrolles dans les Bouches-du-Rhône, l'actrice apporte son soutien à une candidate du Front national, Catherine Megret.
Je ne suis pas fière de ce qu’est la France aujourd’hui. Je suis contre le vivre ensemble, mais je ne suis pas facho, pas plus que Marine Le Pen.
Brigitte Bardot en 2018
Elle s'inscrit aussi dans la ligne politique de Marine Le Pen, quelques années plus tard. "J'aime beaucoup Marine, revendiquait-elle. Je l'affirme et je n'ai pas à m'en cacher. Je vais vous dire un truc rigolo : c'est la seule femme, mais elle a une paire de couilles", affirmait-elle dans l'émission Un jour, une histoire en 2014 comme le souligne Le Parisien.
L'égérie des années 1950 et 1960 reste fidèles à ses idées. "Je ne suis pas fière de ce qu’est la France aujourd’hui. Je suis contre le vivre ensemble, mais je ne suis pas facho, pas plus que Marine Le Pen", disait-elle encore à TV Magazine. Elle n'hésitera pas pour autant à saluer d'autres leaders politiques, comme Jean-Luc Mélenchon. "Il veut faire quelque chose au sujet des abattoirs. Déjà, il ne mange plus de viande et il ne supporte plus des images comme on a pu les voir... Donc Mélenchon, bravo ! Moi j'applaudis".
Jusqu'à la vie de sa fin, Brigitte Bardot a conservé ses engagements politiques. Dans son livre BBcédaire publié en 2025, elle assurait que la droite était "le seul remède urgentissime à l'agonie de la France, un pays "devenu terne, triste, soumis, malade, abîmée, ravagée, ordinaire, vulgaire...".
Afin d'en sortir, Brigitte Bardot avait un remède : "Depuis Chirac et ses successeurs, les choses ne se sont pas améliorées. Pour redonner de l’éclat au pays, il faut nous redonner des libertés, retrouver un climat serein sans avoir peur des attentats. Il faudrait mettre en place un régime autoritaire", expliquait-elle au JDD. Son président idéal ? Vladimir Poutine, assurait-elle. "Il a fait plus pour la cause animale que nos présidents successifs."
Brigitte Bardot a été condamnée six fois pour des propos racistes. En 1997, elle publie une lettre où elle dénonce l'abattage rituel des moutons lors de l'Aïd-El-Kébir. "On égorge femmes et enfants, nos moines, nos fonctionnaires, on nous égorgera un jour et nous l'aurons bien mérité", écrivait-elle. Elle est ensuite condamnée à 15.000 euros d'amende pour incitation à la haine raciale.
Dans une lettre ouverte en 2019, Brigitte Bardot décrit les Réunionnais comme des "autochtones" aux "gènes de sauvages". "Tout ça a des réminiscences de cannibalisme des siècles passés. (…) J’ai honte de cette île, de la sauvagerie qui y règne encore", écrivait-elle, qualifant les Réunionnais de "population dégénérée encore imprégnée des coutumes ancestrales, des traditions barbares qui sont leurs souches". Deux ans plus tard, en 2021, elle est condamnée à 20.000 euros d'amende pour "injures raciales".
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