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Des lycéennes (illustration)
Crédit : Theo Rouby / AFP
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À nouveau interrogé sur le mouvement des lycéennes protestant contre les restrictions vestimentaires dans les établissements scolaires, Jean-Michel Blanquer a estimé qu’il fallait venir au lycée habillé de manière républicaine. Un terme qui n'a pas fait l'unanimité.
C’est dommage, cette sortie du ministre, parce qu’on va une fois de plus se focaliser sur un mot au lieu de traiter le problème en lui-même. Évidemment que c’est idiot, cette expression, même si on comprend ce qu’a voulu dire le ministre. Une tenue n’est pas "républicaine" ou non, elle est conforme ou non à la circonstance dans laquelle elle est portée. En l’occurrence, ce débat sur la tenue vestimentaire des filles mérite bien plus que des clichés. Parce qu’il est question de liberté, d’égalité entre hommes et femmes, d’émancipation.
Premier point, on a vu cet été des polémiques après que des femmes ont été chassées de musées ou de supermarchés pour une tenue jugée provocante. Le terme même est scandaleux. Un décolleté ne provoque pas. Et les femmes sont libres, dans les mesures fixées par la loi, de s’habiller comme elles veulent, n’en déplaise aux bigots.
L’école n’est pas un lieu d’expression des libertés, mais d’apprentissage de la liberté
Natacha Polony
Toutefois, les lycéennes et les collégiennes ne sont pas des femmes adultes. Ce sont des mineures, et surtout, elles sont dans un lieu, l’école, dont l’objet n’est pas de leur permettre de mettre en avant leur merveilleuse individualité, mais d’acquérir des savoirs qui les feront grandir. L’école n’est pas un lieu d’expression des libertés, mais d’apprentissage de la liberté. C’est différent.
Elles protestent contre le fait que c’est toujours la tenue des filles qui pose problème. Elles veulent venir en crop top et en mini-jupe au lycée, parce qu’il fait chaud. Mais vous voyez des garçons le nombril à l’air ? Vous en voyez en cycliste ultra-moulant ? Non, parce que ce serait jugé indécent. Et parce que les tenues qui, selon ces demoiselles, expriment leur liberté de disposer de leur corps, sont le produit d’une industrie de la mode qui sexualise à outrance les jeunes filles.
Ce mouvement plein de bonnes intentions, c’est une conception réductrice et hypocrite du féminisme. Il revient à criminaliser le désir que peuvent éprouver des garçons devant le corps des filles. Mais ce n’est pas le désir qui pose problème, c’est quand ce désir s’impose à l’autre. Certains veulent voiler le corps des filles pour supprimer le désir des hommes, parce que les femmes en seraient coupables. Mais d’autres veulent nier le désir, comme des naturistes qui prétendent qu’un corps nu n’est qu’un amas de chair.
Est-ce qu’on peut envisager une société dans laquelle le désir ne serait pas coupable, mais sain et plaisant ? Pour ça, on l’assume, on en tient compte, on éduque garçons et filles. Mais on leur apprend aussi à se libérer des injonctions de la mode, et de la sexualisation des corps. Et pour ce qui est de l’école, parce que c’est un lieu à part, on établit des règles vestimentaires, pour garçons et filles, un vêtement à peu près commun, qui limitera cette course à la mode. La liberté, ce n’est pas faire ce qu’on veut, c’est s’émanciper de toute forme de prêt-à-penser.
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