Surpopulation carcérale : manque de soins, promiscuité... d'ex-détenus racontent leur quotidien en cellule

Nouveau (triste) record en France du nombre de détenus au 1er septembre : 78.969 personnes incarcérées contre 78.397 le mois précédent, selon des chiffres du ministère de la Justice publiés lundi 30 septembre.

La densité carcérale globale s'établit à 127,3% mais dans les maisons d'arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement (et donc présumés innocents), et ceux condamnés à de courtes peines, elle atteint 153,6%. Dans 17 établissements ou quartiers, elle atteint ou dépasse même les 200%.

Au quotidien, les conséquences de la surpopulation carcérale sont terribles. Cabello, la vingtaine, a passé l'hiver 2023 dans 9m2 derrière les barreaux de la prison de Nanterre. Une prison avec un surveillant pour 40 détenus, des parloirs express de vingt minutes... "À la base, c'était une cellule prévue pour trois personnes. On s'est retrouvés à quatre, la quatrième personne dormant par terre", raconte-t-il au micro de RTL. Il évoque pêle-mêle l'absence "de chauffage", la quasi absence "de jointures aux fenêtres", des "fenêtres cassées". "Ce n'est pas des conditions de détention", dénonce-t-il. 

À tel point que les plaques de cuisson, dans sa cellule, servaient aussi... de chauffage. "On les laissait allumer une heure. C'était dangereux, car on pouvait s'endormir avec les plaques allumées".

"Vider un peu nos prisons"

Julien, lui, a passé trois années de sa vie avec deux autres détenus dans une maison d'arrêt de la Somme dans une cellule prévue pour deux personnes. "On n'était jamais à l'aise", se souvient-il. Sans parler de l'odeur nauséabonde des sanitaires et les douches prises à l'eau froide en plein hiver.

Pauline Petitot travaille au pôle enquête de l'Observatoire international des prisons (OIP). Chaque jour, elle participe à la permanence téléphonique. De l'autre côté du téléphone, des détenus, des familles de détenus. 

Sur la table, la question de l'accès aux soins revient dans les bouches en premier. "Des délais d'attente de plusieurs semaines voire de plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous auprès de l'unité sanitaire de l'établissement. Des détenus qui n'arrivent pas à avoir accès à des soins dentaires" et qui sont "traités avec des antalgiques". Des détenus "qui s'arrachent les dents tout seuls", des "cancers mal détectés" ou encore un "manque de personnel soignant", détaille-t-elle. La liste est interminable...

Face à la surpopulation carcérale, la Contrôleuse générale des lieux de privations de liberté Dominique Simonnot, qui rencontre régulièrement les surveillants comme les détenus, estime qu'il faut "vider un peu nos prisons", faire "sortir les gens avant leur fin de peine". Avec un suivi nécessaire et encadré de la part des "juges d'application des peines" et  des "services pénitentiaires".

Pour elle, "il faudra mettre le paquet sur l'embauche de fonctionnaires qui suivent les détenus en fin de peine".

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