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Une étude, publiée ce mardi 25 novembre, met en lumière un tableau sanitaire d’une gravité à l'égard des prostituées. (illustration)
Crédit : REMY GABALDA / AFP
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L'enquête "Accès aux soins, Santé et Prostitution" a été publiée ce mardi 25 novembre, à l'occasion de la journée de l'élimination des violences à l'égard des femmes et les résultats sont apparus sans appel.
95% des prostituées déclarent avoir subi au moins une violence, et 85% disent avoir subi des violences sexuelles. Dans le détail, plus de 8 femmes sur six disent avoir été forcées à des actes par un client au moins une fois, et près de sept femmes sur dix rapportent des violences physiques ainsi que des actes imposés par leurs proxénètes.
L’enquête montre également une santé physique fragilisée : sept femmes sur dix souffrent d’un ou plusieurs problèmes de santé (hypertension, diabète, troubles digestifs, infections urinaires…).
Sur le plan psychique, les indicateurs sont tout aussi préoccupants. Plus de 60% des personnes interrogées présentent des symptômes de stress post-traumatique. Un taux sans commune mesure : dans la population générale, il oscille entre 5 et 12%, et il touche environ un quart des militaires revenant de guerre.
La moitié souffre de troubles dépressifs, tandis que sept femmes sur dix déclarent au moins un trouble alimentaire et des troubles du sommeil.
"Les personnes prostituées ont vraiment une santé physique et mentale détériorée par rapport à la population globale", a constaté Fabienne El Khoury, chercheuse en épidémiologie sociale à l’Inserm. Celle-ci a également rappelé que leur état de santé a longtemps été réduit aux risques d’infections sexuellement transmissibles : "Il y a urgence à regarder leurs besoins dans leur ensemble et mieux les accompagner."
L’étude révèle que si près de sept personnes interrogées sur dix se dépistent au moins une fois par an, l’accès aux soins demeure un parcours semé d’embûches.
Et les barrières linguistiques constituent un frein majeur puisque la quasi-totalité des personnes interrogées sont d’origine étrangère. S’ajoutent à cela : la précarité économique, les violences médicales, ainsi que les obstacles psychologiques : honte, peur du jugement, tabous culturels, ou encore l’influence psychique des agresseurs, qui culpabilisent les victimes.
Plus de la moitié ont eu recours à au moins une interruption volontaire de grossesse, contre 22% dans la population féminine générale, et 27% ont subi une excision. À rebours des idées reçues, seules 5,5% déclarent utiliser des substances psychoactives (hors tabac, alcool et cannabis).
Aujourd’hui âgée de 29 ans, Alexine s’est prostituée pendant deux ans lorsqu’elle était étudiante, pour payer son loyer. Elle n’a parlé de sa situation "ni à l’époque ni aux médecins" qui la suivent aujourd’hui pour une inflammation de la thyroïde.
Durant cette période, "sa dépression s’est accentuée", elle s’est "mise à boire beaucoup, à se scarifier". Elle n’a pu mettre des mots sur ce qu’elle vivait qu’une fois sortie de cette situation.
L’étude émet une série de préconisations pour améliorer la prise en charge sanitaire des personnes prostituées. Elle recommande notamment de former les professionnels de santé "aux conséquences traumatiques" de la prostitution.
"Il faut que les professionnels soient en capacité de lire la situation dans laquelle se trouve la personne, qu’elle soit rescapée ou encore en situation de prostitution", a expliqué Pauline Spinazze, coordinatrice de l’étude au Mouvement du Nid. Elle évoque la possibilité de dissociation traumatique, de déni, de mise en danger ou de conduites d’évitement.
Parmi les autres mesures, il y a celle de faciliter l’accès à l’aide médicale d’État (AME), encore "trop souvent refusée", mais aussi de renforcer le nombre de psychologues et de psychiatres, et d'augmenter le nombre de centres régionaux du psychotraumatisme.
Cette enquête a été menée dans une trentaine de villes auprès de 258 personnes majeures ayant été ou étant en situation de prostitution. Parmi elles : 238 femmes, 12 personnes trans et 8 hommes.
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