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"Mon âme est sortie de mon corps" : à seulement 15 ans, elle est tombée dans le piège d'un réseau de prostitution de mineurs

Jusqu'à 20.000 mineurs sont victimes de proxénétisme en France, selon les associations, un chiffre qui a doublé en cinq ans. RTL a rencontré une jeune femme, aujourd'hui âgée de 21 ans. Elle raconte sa descente aux enfers dans un réseau de prostitution, alors qu'elle n'avait que 15 ans.

Une prostituée à Strasbourg (image d'illustration)

Crédit : THOMAS WIRTH / AFP

"Mon âme est sortie de mon corps" : à seulement 15 ans, elle est tombée dans le piège d'un réseau de prostitution de mineurs

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"Mon âme est sortie de mon corps" : à seulement 15 ans, elle est tombée dans le piège d'un réseau de prostitution de mineurs

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Hermine Le Clech - édité par La rédaction numérique de RTL

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Tout à commencé il y a six ans. Inès avait alors 15 ans. Placée dans un foyer de l'Aide sociale à l'enfance, elle fugue pour rejoindre une amie et un homme dont elle est tombée amoureuse. Mais au bout d'une semaine, il lui demande de se prostituer pour rester. 

Ça a

"Ah non, je cherche beaucoup plus jeune"

Sauf que cet argent, Inès ne le touchera jamais. L'adolescente est séquestrée dans une pièce pendant des mois. Elle voit défiler jusqu'à 15 hommes par jours, prêts à payer plusieurs centaines d'euros pour avoir des rapports sexuels avec des mineurs. "

Elle se rend compte alors du piège qui s'est refermé sur elle. "(Je me dis) Ce n'est qu'à 19 ans que la jeune femme ose enfin partir. Son proxénète est arrêté et condamné à 3 ans de prison avec sursis et 5.000 euros de dommages et intérêts.

À écouter

"Je crois qu'il n'y a pas plus violent pour un parent" : l'appel à l'aide d'Elisabeth, sa fille est tombée à 13 ans dans la prostitution

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"Je crois qu'il n'y a pas plus violent pour un parent"

Inès a pu sortir de cet enfer mais certains parents se battent au quotidien pour leurs enfants encore pris dans des réseaux de proxénétisme. C'est le cas d'Elisabeth. Sa fille, Léa n'avait que 13 ans, il y 4 ans, lorsqu'elle a été recrutée par de jeunes hommes à la sortie de son collège. "Elle a commencé à avoir un comportement très agressif, a porter des robes de soirées ultra-courtes", se rappelle-t-elle. "J'ai trouvé ensuite un téléphone dans sa chambre avec cette vidéo : elle est escortée par deux garçons dans une cave. Il y a pas plus violent pour un parent". 

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Elisabeth appelle au secours l'aide sociale à l'enfance qui décide de placer sa fille en foyer pour risque de violence. Mais la situation empire, elle montre sur son téléphone l'un des messages que reçoit encore sa fille. "Est-ce que tu veux bosser sur Paris. Tu vas tapiner dans une Airbnb tu seras payée en fonction des clients" me fait-elle lire. "Elle n'est pas dans sa chambre la nuit, elle fait ce qu'elle veut quand elle veut. Il faut que les autorités prennent conscience que nous sommes des parents en détresse qui ne savent plus comment agir". 

Aujourd'hui Léa a 17 ans, a repris des études. Sa mère se bat pour alerter les autorité a porté plainte contre celui qu'elle soupçonne de proxénétisme, lui aussi mineurs. 

De "petites équipes" de proxénètes

Les associations évaluent entre 15.000 et 20.000 le nombre de mineurs pris dans des réseaux de prostitution. 

Une hausse exponentielle, avec des victimes de plus en plus jeunes. " Ça touche tout le monde, toutes les classes sociale, partout en France et c'est simplifié par les réseaux sociaux. Avant on avait des victimes de 15 à 18 ans, aujourd'hui on voit des jeunes filles de 12 ans venir jusqu'à nous. La situation est incontrôlable", alerte Lucile Rozanes Mercier, présidente de l'association Equipe d'Action Contre le Proxénétisme (EACP). Sa structure a doublé le nombre d'affaire suivies, passant de 27 nouvelles affaires à plus de 50 avant la fin de l'année. L'association demande la mise en place d'établissement d'accompagnement spécialisée pour les victimes. 

Sur les annonces que RTL a pu consulter, on voit de jeunes filles au visage juvénile, barrettes dans les cheveux, proposer des actes sexuels pour quelques dizaines à quelques centaines d'euros. Derrière ce système, les proxénètes sont des hommes parfois mineurs, déjà connus des services de police. Il s'agit souvent de "petites mains" de la drogue qui voient dans le proxénétisme une manière de faire de l'argent facilement.

"Lénaïg Le Bail, patronne de l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains. "

Une activité également rentable, selon elle, car la demande est bien là. Avec des clients qui sont des hommes sans profil type, de tous les âges et de tous les milieux sociaux.

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