C'est un enjeu important, car les rails de la SNCF ne reposent pas sur un socle imperméable, mais sur du ballast, un lit de cailloux soigneusement calibré posé sur le sol.
Si les voies ne sont pas désherbées régulièrement, les herbes y poussent, ce qui gêne à la longue le passage des trains et modifient l'écartement des voies posées sur le ballast et il faut aussi désherber les talus à proximité de la voie pour que les agents puissent y circuler facilement.
Pour toutes ces raisons, la SNCF depuis plus de 30 ans passait une fois par an, au printemps, un train désherbeur contenant du glyphosate, un produit bien connu et tant décrié. Elle en utilisait chaque année un peu moins de 40 tonnes pour ces 60.000 kilomètres de réseaux, soit 600 grammes au kilomètre, car le glyphosate est un produit extrêmement efficace.
Le glyphosate comme tous les désherbants tue les plantes, mais il est toxique pour les organismes aquatiques, c'est ce qu'on appelle son profil écotoxicologique. La SNCF a décidé de le remplacer par un autre moyen. Après avoir envisagé le désherbage à l'eau bouillante et d'autres moyens plus exotiques, la SNCF a annoncé avoir trouvé la recette miracle : un cocktail d'acides pélargoniques et d'une molécule de la famille des sulfonylurées, le flazasulfuron.
Tout d'abord, c'est moins efficace. Il faudra désherber le réseau deux fois par an désormais. Il faudra aussi utiliser plus de produit à chaque fois, ce qui va multiplier par quatre le désherbage des voies.
Le problème est que ce produit n'est pas moins toxique que le glyphosate. Tout d'abord, l'acide pélargonique, avec son profil écotoxicologique est pire que le glyphosate sur les organismes aquatique et rappelez-vous que l'on va l'appliquer à des doses supérieures. Donc il faut prévoir des dommages collatéraux sur l'environnement plus importants. Prenons ensuite le deuxième produit de ce cocktail : le flazasulfuron. Il est, lui aussi, classé très toxique pour les organismes aquatiques, mais le pire, c'est qu'il provoque, quand il est étendu, l'apparition de résistances chez les plantes. C'est à un tel point qu'en agriculture, il est recommandé de ne l'appliquer que tous les trois ans, alors que la SNCF envisage de l'appliquer sur les voies tous les six mois. On peut craindre en quelques années l'apparition de beaucoup de plantes résistantes sur les voies. Ce nouveau cocktail sera alors inopérant.
Le glyphosate est au désherbant ce que le paracétamol est au médicament. C'est un produit générique, efficace, peu cher, avec un bon profil écotoxicologique et des risques limités, voire nulles pour les utilisateurs qui respectent les conditions d'utilisation.
C'est peut-être pour toutes ces raisons que des associations ou des militants l'ont érigé en véritable bouc-émissaire de leur lutte contre les pesticides. Pour eux, le glyphosate est le mal absolu. Une position qui conduit la SNCF à adopter une solution moins efficace, plus cher et pire pour l'environnement.
Moralité : la protection de la biodiversité ne devrait jamais se baser sur des effets d'annonce, mais sur un travail d'évaluation des bénéfices et des risques sur les différentes techniques de l'environnement et ça, c'est un travail pour la sciences.
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