"Sans un public silencieux, on ne peut pas jouer" : champion paralympique de cécifoot, il dévoile les spécificités de son handisport

C'était l'un des évènements marquants des Jeux Paralympiques 2024, à Paris. Le samedi 7 septembre 2024, l'équipe de France de cécifoot remportait l'or contre l'Argentine, sur le terrain du Champs de Mars. Boostée par "l'effet JO", la discipline du cécifoot a été plus suivie que jamais. Un an plus tard, l'engouement s'est quelque peu dissipé. Invité au micro de Faustine Bollaert, Hakim Arezki raconte les coulisses du cécifoot et espère relancer la ferveur engrangée pendant les Jeux.  

Le cécifoot est une discipline inspirée du foot, et adaptée aux personnes ayant une acuité visuelle nulle ou très faible. Une équipe se compose de 4 joueurs malvoyants, un gardien de but généralement voyant qui oriente la défense, un guide derrière le but adverse pour aider à sa localisation et un entraîneur sur la touche. Le coach joue un rôle éminemment important pendant le match, il ne distille pas seulement les conseils tactiques, il est également, pour les joueurs, un phare dans l'obscurité : "il va donner toutes les informations visuelles qu'on ne voit pas", explique Hakim tout en précisant que les indications se résument souvent à quelques mots. 

Mais le phare ne brille pas suffisamment fort pour éclairer tout l'espace. Les joueurs doivent apprendre à se repérer par eux-mêmes, à localiser le ballon et à interagir avec lui en un minimum de temps. Sans acuité visuelle, ils doivent composer avec leurs autres sens, principalement l'ouïe. Elle est au centre du jeu, à l'instar du ballon. Celui-ci conserve sa forme ronde caractéristique mais est revisité, pensé pour faciliter son repérage : "des petits grelots sont dedans. Quand le ballon bouge, cela produit un son nous permettant de le repérer sur le terrain", détaille-t-il. Un guide est également placé près des poteaux du but adverse pour taper dessus, avec "une petite barre qu'il tient dans sa main. Et c'est comme ça qu'on localise le poteau gauche et le poteau droit".

Les dimensions du terrain sont aussi revues à la baisse et sont bordées par une barrière gonflable ou en mousse, empêchant le ballon de sortir de la zone de jeu. Enfin, dès que le ballon est arrêté, le chrono se stop également, permettant aux joueurs de se repositionner.

Un public muet

Les joueurs de champ, le gardien, le coach... Et bien sûr "le 12e homme". Si dans le football les supporters manifestent leur joie, leur déception, et leurs encouragements grâce au bruit, dans le cécifoot c'est l'exact inverse. Un bon public, c'est un public silencieux, nous dit Hakim. "Sans ça, on ne peut pas jouer, en tout cas on ne peut pas développer un jeu propre".  

Outre les équipements adaptés aux joueurs handicapés, certaines règles sont également modifiées. Le match par exemple est découpé en 2 mi-temps de 15 minutes, contre 2 fois 45 minutes pour un match de football. Un aménagement nécessaire, tant ce sport est éprouvant aussi bien physiquement que mentalement. "On reçoit énormément d'informations et on doit être capable de les analyser, et de les trier (...) C'est de l'ultra-concentration", explique le sportif. 

Ces efforts ont porté leurs fruits. Lui et ses coéquipiers ont été sacrés champions paralympiques aux Jeux de Paris 2024. Et à 42 ans, il n'a pas prévu de raccrocher ses crampons, pour peut-être aller décrocher une nouvelle médaille aux prochains Jeux de 2028 !