Elle pose fièrement les mains sur les hanches. Aux Abymes, en Guadeloupe, Solitude a sa statue au milieu d'un carrefour depuis 1999. Bientôt, cette figure féminine de la lutte contre l'esclavage en aura une autre à Paris : après avoir inauguré un parc en son nom samedi 26 septembre, Anne Hidalgo a annoncé qu'elle deviendrait la première femme noire à avoir sa statue dans la capitale.
Le jardin Solitude est situé sur les pelouses nord de la place du Général Catroux (XVIIème arrondissement). C'est également à cet endroit que la statue devrait y être érigée à l'avenir. "Solitude est la première femme noire représentée pour elle-même et pour son action dans l'espace public parisien", a relevé Jacques Martial, adjoint à la maire de Paris en charge des Outre-mer. "Défenseuse des valeurs de la République, femme engagée, elle s'est battue pour la liberté de toutes et de tous, contre le rétablissement de l'esclavage en Guadeloupe. Combat qu'elle a payé de sa vie", a-t-il ajouté lors de l'inauguration du jardin.
Solitude est née à la fin du XVIIIème siècle en Guadeloupe, "d'une esclave africaine et d'un marin blanc" explique un communiqué de la Ville de Paris. En 1802, huit ans après la première abolition décidée par la Ière République, Napoléon Bonaparte décide de rétablir l'esclavage. Il envoie alors le général Antoine Richepance en Guadeloupe pour qu'il y restaure l'autorité du capitaine-général Lacrosse. Ce dernier avait été expulsé de l'île un an auparavant lorsque des officiers noirs avaient pris la tête de l'armée.
À l'arrivée de Richepance sur l'île, une rébellion s'organise. Solitude, appelée alors "Mulâtresse" (nom donné à l'époque aux personnes dont un des parents est noir et l'autre blanc) participe aux combats. Malheureusement elle se fait capturer et condamner à mort. Elle est alors enceinte, c'est pourquoi elle est souvent représentée portant fièrement son ventre proéminent.
Elle est pendue le lendemain de son accouchement conformément aux pratiques de l'époque, dans l'attente que "le petit esclave naisse", précise sur son site le Comité national pour la mémoire et l'Histoire de l'Esclavage, devenu l'année dernière Fondation pour la mémoire de l'esclavage.
C'est à l'auteur André Schwarz-Bart, Prix Goncourt 1959, que l'on doit la plupart des informations connues à ce jour sur Solitude : l'auteur lui a consacré un livre éponyme publié en 1972. Depuis, plusieurs rues françaises ont été baptisées de son nom, comme à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). À Bagneux (Hauts-de-Seine), une statue a été érigée en son honneur en 2007.
Treize ans après, en plein débat sur le déboulonnage des statues et sur la mémoire de l'esclavage, Anne Hidalgo a fait le choix de lui faire une place symbolique au sein du patrimoine - ou plutôt du matrimoine - parisien. Celui-ci est régulièrement dénoncé pour la large place qu'il accorde aux figures contestées de cette période de l'Histoire : en juin, la statue de Colbert, auteur du Code Noir, avait été vandalisée devant l'Assemblée nationale.
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