L'Union nationale des étudiants de France (UNEF) a lancé une enquête à la fin du mois de novembre afin de faire la lumière sur les violences sexistes et sexuelles au sein des résidences universitaires. Révélée par nos confrères du Journal du Dimanche, ladite enquête se penche sur des violences fréquentes "depuis que les résidences universitaires existent".
"Cette initiative est née après plusieurs remontées lors du confinement. On a été contacté à de nombreuses reprises pendant les deux confinements, qui ont exacerbé certaines pratiques", explique Imane Ouelhadj, vice-présidente aux affaires sociales de l'UNEF, contactée par RTL.
À travers cette enquête, l'organisation étudiante vise "à aider les victimes qui souhaiteraient être aidées par la suite mais aussi à avoir des données un peu chiffrées pour pouvoir derrière contacter les Crous et essayer de pouvoir développer des dispositifs pour pouvoir lutter contre ces violences dans les résidences universitaires".
La victime est changée de résidence universitaire comme si c'était elle qui devait être punie
Imane Ouelhadj, vice-présidente aux affaires sociales de l'UNEF
"On ne peut pas forcément trouver des réponses pour toutes les situations donc on va faire notre rôle de syndicat étudiant en essayant de trouver une solution auprès du Crous ou de l'université concernée pour essayer de trouver différentes mesures pour mettre la victime en sécurité ou les soutenir d'un point de vue juridique si jamais elles décident de porter plainte", selon Imane Ouelhadj, qui dénonce "une réponse insuffisante" de la part des Crous.
"Souvent la victime est changée de résidence universitaire comme si c'était elle qui devait être punie de ce qu'elle a vécu et sans sanction derrière pour l'agresseur. Donc on laisse une personne potentiellement violente avec d'autres résidents sans avoir de réel suivi de la problématique".
L'enquête de l'UNEF porte principalement sur les résidences du Crous bien que le syndicat étudiant recueille les témoignages des étudiants dans toutes les résidences universitaires. Le Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous), à la tête des 26 différents Crous, condamne fermement ces violences sexistes et sexuelles.
"C'est un sujet prioritaire et de longue date de lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans les résidences", affirme Clément Cadoret, directeur général délégué du Cnous. En effet le Cnous s'est notamment engagé à mener une politique d’éloignement systématique des harceleurs et agresseurs afin de protéger les victimes de violences sexistes et sexuelles.
"Les Crous incitent les étudiants concernés à un dépôt de plainte et peuvent accompagner l'étudiante dans ces démarches. Si elle souhaite changer de logement, on peut tout à fait lui proposer le plus rapidement possible une proposition de relogement dans une autre résidence universitaire par exemple", nous explique Clément Cadoret.
Il admet toutefois que les démarches sont plus compliquées pour les suspects. "Sous réserve de preuves ou d'aveux de l'agresseur et s'il est logé chez nous, il peut faire l'objet de mesures d'expulsion même en période de trêve hivernale. Si par exemple on a d'autres témoignages qui indiquent au directeur de Crous, même sans dépôt de plainte, qu'il y a un minimum d'éléments irréfutables, on peut prendre cette décision d'expulsion. Mais elle ne peut en aucun cas être automatique".