Aujourd’hui, c’est un bonbon sur la langue des animaux ! Et même les langues des animaux : chacun la sienne. D’abord, il y a tous ces verbes magnifiques qu’on a inventés pour décrire les "cris" des animaux. Une facebouquienne répondant à l’élégant prénom de Muriel m’a adressé un fort joli poème de Fernand Dupuis, intitulé, comme son premier vers : Sais-tu que le chien aboie quand le cheval hennit ?
Vous me direz "le chien aboie, le cheval hennit : ça, ça va, on savait !" Vous savez peut-être aussi que le corbeau croasse quand la grenouille coasse, mais savez-vous que le geai cajole, quand la souris chicote ? On sait que le hibou hulule (avec ou sans h, les deux orthographes existent), mais on peut aussi dire qu’il bouboule ! Bref, je vous conseille de lire ce poème tout en verbes animaliers, c’est un délice.
Ça, c’est notre façon à nous, humains, de parler du langage des animaux, mais peut-on dire que les animaux parlent ? Si la chouette chuinte, si le geai cajole, si le grillon craquette, si la mésange zinzinule, si le cygne trompette, croyez-vous qu’ils le font pour nous émerveiller quand nous nous baladons dans la nature ? Non, bien sûr. C’est pour communiquer entre eux.
Les Animaux parlent, sachons les écouter, c’est le titre d’un livre de Nicolas Mathevon, qui vient de sortir chez Humen Sciences. J’y ai découvert pas mal de choses, j’avoue, parce que, en français, ça va, mais en lapin ou en éléphant de mer, je suis débutante. Or les langues des autres espèces semblent aussi passionnantes que celles des humains, et encore plus surprenantes.
Les animaux ont un langage. Pour l’auteur, qui est spécialiste du comportement animal, c’est une évidence. Certes, comme il l’écrit, "les bonobos n’ont jamais construit de bibliothèque et ne semblent pas tenir de longs discours philosophiques", mais le langage des humains n’est tout compte fait qu’un langage animal de plus. Bon, le bonobo a la chance de ne pas avoir à apprendre la règle du participe passé, ni celle des adjectifs de couleur dont nous parlions hier.
Et tenez, je viens de donner quantité d’exemples de verbes décrivant les cris d’oiseaux, mais savez-vous que même leurs œufs parlent entre œufs ? Et entre eux ! Figurez-vous que, alors qu’ils sont encore dans leur coquille, les poussins distinguent déjà les caquètements de leur mère, et qu’ils sont même capables de communiquer avec leurs frères et sœurs.
J’ai appris également dans le livre de Nicolas Mathevon que, quand les singes crient de peur, la nature de ces cris indique très exactement à leurs congénères la nature de la menace, aigle, léopard ou serpent.
Pourtant, pour moi, la meilleure preuve qu’ils "parlent", c’est qu’ils sont même capables de mentir. Dans le dernier supplément Sciences du Monde, on apprend que les scientifiques ont observé des singes poussant des cris d’alerte (qu’on pourrait traduire par : "Attention, les gars, aigle, léopard ou serpent en vue !") alors même qu’ils n’ont pas détecté la moindre menace. Pourquoi ? Eh bien les chercheurs ont découvert que c’était juste pour "éloigner leurs congénères [d’un aliment] et éviter ainsi de le partager". Ça sert aussi à ça, le langage : à mentir !
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