"On a décidé que notre histoire devait servir à dénoncer ces situations qui sont communes, mais pas assez dénoncées dans les médias", estime Pierre*. Son conjoint et lui ont été confrontés à Pascale Lemar, la responsable du service de l'adoption du département de Seine-Maritime.
Depuis la Loi mariage et adoption pour tous en 2013, il est possible pour les parents homosexuels d'adopter. Cette loi a été le déclic pour Pierre et son conjoint. "Auparavant, les projets qui nous étaient proposés jusque-là étaient soit totalement illicites, soit une adoption en tant que parent célibataire", explique-t-il.
Avant de commencer toute démarche d’adoption, il faut obtenir un agrément pour pouvoir adopter auprès des services départementaux de son lieu de résidence. "On a obtenu l'agrément pour l'adoption d'enfants de 0 à 5 ans", détaille Pierre.
De l’initiative du couple de Pierre, ils prennent rendez vous avec la directrice du service adoption de Seine-Maritime. Lors de l'entretien, la responsable se détourne de l'agrément initialement obtenu par Pierre et son conjoint pour évoquer avec eux le cas d'enfants avec des "atypies" lourdes, sans être capable de préciser lesquelles. "Je suis médecin de profession, quand on me parle de handicap, j'ai besoin de savoir le détail, le syndrome", explique Pierre.
Ensuite, la responsable dévie encore l'entretien vers les enfants avec des troubles psychiatriques sévères. "Ce à quoi on lui a répondu qu'un enfant en psychiatrie et un couple déjà stigmatisé par la société pour son orientation n'est pas la meilleure association, elle est même dangereuse à nos yeux", raconte Pierre.
Selon les dires de la directrice, confier des enfants à des couples homosexuels représente un "risque", que Pascale Lemar justifie devant Pierre. " La responsable nous oppose qu'elle a suffisamment de candidatures de parents pour l’adoption sur le département, avec une situation plus stabilisante selon elle pour accueillir un enfant", confie le médecin.
Mais la directrice de l'adoption va encore plus loin, elle propose à Pierre et son conjoint des solutions alternatives à leur agrément : " Des projets de co-parentalité avec un couple lesbien pour "partager" un enfant, la GPA que nous avions déjà écartée auparavant, qui de plus est illégal en France. Elle nous amène sur un projet différent du notre", se désole Pierre.
C'est la sidération pour le couple, être confronté à ce regard sur leur homosexualité, alors qu'ils sont au bout de leur démarche d'adoption. "On revit une nouvelle fois la discrimination", constate Pierre. Et d'ajouter : "Elle a remis en cause un projet qu'on a mis des années à construire. Qu'elle soit capable de rebondir aux propos qu'on lui tient en retour nous a profondément perturbés".
Si Pierre regrette de ne pas avoir eu la force de dénoncer la situation sur le moment, il veut que son histoire puisse servir aujourd'hui. "On a rejoint l'association des familles homoparentales françaises avec le témoignage, factuel, de ce qui nous est arrivé.", explique Pierre.
Le couple a depuis décidé de quitter le département de Seine-Maritime et de transférer son dossier d'adoption à nouveau service d'aide sociale à l'enfance. À ce jour, ils n'ont reçu aucune réponse du service.
*Le nom a été modifié
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