"On ne lâchera jamais ce petit bout de paradis" : comment s'organise la résistance des boulistes de Montmartre

Depuis plusieurs mois, les boulistes d'un club de pétanque et la Ville de Paris se livrent un combat au sujet d'un terrain du XVIIIe arrondissement. Alors qu'ils devaient quitter les lieux le 20 avril, des licenciés se sont organisés en collectif pour dormir sur place.

Les licenciés du club de pétanque de Montmartre, sommés par la justice de quitter samedi 20 avril le boulodrome qu'ils occupent sans titre au sommet de la butte, entendent occuper le lieu jour et nuit en y dormant dans des tentes

Crédit : Margaux Munoz

UN JOUR CHEZ VOUS - La résistance des boulistes de Montmartre

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Ils campent pour sauver leur terrain de pétanque, situé derrière la très chic avenue Junot (XVIIIe arrondissement de Paris). Les membres du Clap (Club Lepic Abbesses Pétanque) mènent une lutte acharnée depuis des mois contre la Ville de Paris pour conserver l'endroit où ils jouent aux boules, depuis 1971. En juillet 2023, le Conseil de Paris - divisé sur le sujet - a confié pour douze ans cet espace vert protégé de près de 900 mètres carrés à l'hôtel de standing mitoyen.

Le Conseil d'État avait contraint ce club historique à quitter les lieux d'ici au 20 avril sous peine d'amende de 500 euros par jour de retard. En face, les boulistes se sont organisés en collectif et ne souhaitent pas lever le camp avant d'avoir obtenu gain de cause. Jour et nuit, des licenciés se relaient en fonction de leur disponibilité. La journée, certains télétravaillent dans la buvette du club, reconvertie en mini bureau.

Dans la nuit du 23 au 24 avril, une dizaine de personnes dorment sur place, les tentes plantées sur le terrain. Dans la buvette, des sacs de couchage sont à leur disposition. L'ambiance est bon enfant, mais chacun sait pourquoi il est là : "On est déterminé. On est 300 licenciés, on est le plus gros club de pétanque de Paris et le plus gros club féminin de France. On restera le temps qu'il faudra et on ne lâchera jamais ce petit bout de paradis", explique à RTL Damien, le porte-parole du Clap.

Pour lui, "cette mobilisation sert enfin à faire réagir nos élus, la mairie de Paris, la mairie du XVIIIe. Ils nous traitent comme des moins que rien. C'est insupportable d'être traité comme ça, surtout de ne pas pouvoir avoir un droit de réponse."

Des licenciés du club se sont organisés en collectif pour dormir sur place.

Crédit : Margaux Munoz

Des soutiens de poids

Le voisinage se mobilise aussi en faveur du club de pétanque. Les boulistes reçoivent régulièrement des victuailles de la part d'habitants et de commerçants du quartier, à l'instar de Sylvain, les bras chargés de chips et de sodas.

Renata, elle, habite à côté du terrain depuis 12 ans. Elle est venue chercher une banderole "Clap en danger" qu'elle veut déployer devant sa porte d'entrée. "Je ne peux pas habiter ici sans le Clap. On a l'habitude d'entendre les boules de pétanque tous les jours, les week-end ... Je n'ai pas de réseaux sociaux. C'est la seule façon de montrer mon soutien en mettant des affiches devant ma porte, en portant une casquette rouge ou une veste écrite Clap."

Le club a également reçu le soutien de célébrités comme le sélectionneur du XV de France Fabien Galthié ou encore l'acteur Pierre Richard. "C'est un hôtel qui veut mettre la main sur le petit terrain de boules", dit l'acteur à RTL.

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