On l’oublie souvent mais avant d'être une délivrance, la Libération et le Débarquement de Normandie ont commencé dans la violence. Les civils ont d’ailleurs payé un lourd tribut. Tous ceux qui étaient à Caen le 6 juin 1944 se souviennent qu'à 13h30, un déluge de bombes s'abat sur la ville.
Raymonde Lorfeuvre et son père sortent précipitamment de chez eux pour aller vers un abri. "On ne pense plus à rien, on pense à sauver sa peau", raconte-t-elle aujourd'hui au micro de RTL. "On est restés à l'entrée. Et puis au bout d'un moment mon père m'a dit : 'Allez, on s'en va'. On venait de quitter l'abri qu'il m'a ensuite dit : 'Couche-toi, couche-toi !'". En quelques heures à peine, sous les yeux de la jeune fille, la ville de Caen est anéantie. "Je voyais toutes les escadrilles passer les unes après les autres et les bombes sortir de l'avion. Tout flambait.", explique-t-elle encore.
Si les Alliés bombardent sans relâche les villes, les routes et les voix ferrées, c'est pour empêcher les Allemands d'acheminer des renforts. Mais les civils paient donc le prix fort. Les habitants n'ont pas été évacués : la date du D-Day est secrète pour prendre l'ennemi par surprise. Prises au milieu des combats, de nombreuses familles fuient, à pied.
Marguerite Elie, 8 ans à l'époque, habite alors Montebourg, près d'Utah Beach. "Il y avait au-dessus de nous des avions qui envoyaient des mitrailles", se souvient-elle aujourd'hui. "Ma tante disait : 'Les enfants, dans le fossé'. On se jetait alors tous dans le fossé. Quand c'était terminé, elle disait tous les prénoms et il fallait qu'on réponde 'présent'".
La famille Fleury, elle, a quitté sa maison de Caen avec le minimum. Le père de Colette prend alors son vélo tous les jours pour aller au ravitaillement. "Avant de partir, ils s'embrassaient toujours avec maman", confie-t-elle. "Un jour, maman était colère, elle disait à mon père : 'N'y va pas, c'est trop dangereux'. Il est parti quand même. On ne l'a jamais revu". Submergée de tristesse, Colette n'a pas participé à la liesse de la Libération.
Mais le danger ne vient pas seulement des bombardements alliés. L'occupant est toujours là et terrorise la population comme cette nuit où des soldats, à la recherche de parachutistes anglais, font irruption dans la ferme où Odette Hamard est réfugiée. "On était alignés le long de l'escalier, en chemise de nuit. (…) On avait tous peur", assure-t-elle.
Le danger est aussi accidentel et les enfants en sont les premières victimes. "J'avais une petite cousine qui s'appelait Bleuette. Ses voisins lui ont dit de venir voir ce qu'ils avaient trouvé. Ils ont alors dévissé quelque chose, mais c'était une grenade. Elle a tout reçu. Les Anglais l'ont emmenée dans un hôpital de campagne mais ils n'ont pas pu la sauver", retrace encore Odette. Entre le 6 juin et la mi-août, la bataille de Normandie a fait au total 20.000 morts parmi les civils normands, sans compter les blessés.
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