Mouvement #MeToo : 7 ans après, où en sont les hommes ?

Dans cet épisode OrgasmiQ, Juliette Tresanini aborde les conséquences du mouvement #Metoo sur la masculinité moderne. Cet épisode vous propose de découvrir les questionnements des hommes face à l'évolution des normes sociales et des relations interpersonnelles en revenant sur l'histoire du mouvement et à travers les témoignages sincères des invités.

Avant cela, rappelons ce qu'est le mouvement #MeToo. Le 5 octobre 2017, une enquête du New York Times a été publiée sur les agressions sexuelles du producteur américain Harvey Weinstein. Ce mouvement a commencé à Hollywood et s'est rapidement répandu à l'international pour encourager la prise de parole des femmes en réponse à la violence et à l'agression.

Depuis l'émergence du mouvement, une question profonde se pose dans le discours social : qu'est-ce que c'est d'être un homme aujourd'hui ? Alors que Michel Polnareff chantait : "Je suis un homme, je suis un homme, rien de plus naturel, en somme", la réalité de la masculinité est-elle aussi simple ?

À l'origine du mouvement : des réactions différentes

Le sexologue et philosophe André Corman a identifié quatre types de réactions masculines face à la déferlante #MeToo. Il les a classifiées avec des appellations évocatrices :

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- Les nostalgiques du bon vieux temps : ces hommes réagissent par la crispation et la nostalgie, s'accrochant à une notion de virilité dominante et répondant souvent par une agressivité accrue. Une attitude bien illustrée par des personnalités comme Michel Sardou.
- Les repentants : submergés par la honte, ces hommes n'osent plus s'engager dans la séduction, laissant ce domaine aux femmes.
- Les flemmards : optant pour une sexualité en solo, ces hommes éprouvent une sorte de "flemme d’aimer".
- Les optimistes : ceux-ci voient dans l'après #MeToo une opportunité radicale de changement.

La déconstruction : une libération pour les hommes ?

Le mouvement #MeToo est souvent considéré comme la seconde révolution sexuelle après celle des années 70, qui avait permis la libération de la sexualité récréative grâce à la pilule. De nos jours, nous observons une reconfiguration des relations sexuelles au sein des couples hétérosexuels, caractérisée par une révolution du consentement et du plaisir commun. Cette reconfiguration peut être libératrice pour les hommes.

Elle offre la possibilité de se débarrasser des contraintes liées à la performance, de découvrir d'autres formes de plaisir, telles que la soumission et la pénétration anale, et de savourer pleinement une sexualité plus variée et inclusive. Il s'agit d'échapper aux modes égoïstes et d'enrichir la vie sexuelle par l'exploration et l'innovation, par exemple en utilisant des jouets sexuels pour découvrir de nouvelles formes de plaisir.

Reconstruire ensemble une sexualité égalitaire

Il est crucial d'éduquer les garçons à l'empathie, insiste Charline Vermont, notamment en rompant les schémas de sociabilisation basés sur le genre qui entravent la compréhension et le respect réciproque dans les relations. La révolution après le #Metoo repose essentiellement sur le consentement, une communication ouverte et bienveillante, ainsi qu'un réel souci du plaisir et du bien-être de l'autre. 

Femmes, vous n’êtes pas des centres de rééducation pour hommes mal élevés. Ce n’est pas à vous de les réparer, de les changer, de les éduquer ou de les élever. Vous voulez un partenaire et non un projet.

Julia Roberts, actrice et productrice américaine.

Finalement, la participation active des hommes dans la construction d'une sexualité égalitaire reste primordiale, rappelle notre experte en santé sexuelle. Pour ce faire, il est essentiel que les hommes, en tant que partenaires égaux dans la relation, partagent équitablement les responsabilités, notamment dans : 

- Le partage équitable des tâches : domestiques, mentales et parentales.
- Une écoute et un soutien : prendre au sérieux les problèmes de santé des femmes, comme l'endométriose et les douleurs menstruelles, et se montrer solidaire face à la violence sexuelle.
- Une éducation et une intervention : sensibiliser ses pairs, corriger les comportements sexistes et intervenir lorsqu’on est témoin de violences sexuelles et sexistes.
- Une participation à des ateliers : s'engager dans des initiatives comme celles de Nos alliés les hommes, qui visent à éduquer et sensibiliser les hommes à ces enjeux.