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Le gouvernement étend la zone d'obligation vaccinale contre la dermatose pour tous les bovins. (Photo d'illustration)
Crédit : AFP
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Après deux jours de mobilisation du monde agricole à Bordes-sur-Arize, en Ariège, pour empêcher les autorités de procéder à cette mesure, l'abattage d'un troupeau de 207 vaches dans une ferme, où un cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a été détecté, a débuté ce vendredi 12 décembre au matin.
Les services vétérinaires ont pu se rendre dans l'étable, escortés par la gendarmerie, qui a délogé jeudi soir par la force quelques centaines de manifestants. Et ce, comme le requiert la stratégie mise en place depuis la première apparition de la DNC sur le territoire, en juin dans un élevage de Savoie.
Outre l'abattage de toutes les bêtes des foyers affectés, elle implique des restrictions de mouvements des troupeaux et une "vaccination d'urgence" de tous les bovins dans la zone concernée. Mais concrètement pourquoi l'euthanasie des bovins est "la seule solution pour sauver toute la filière", dixit la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, qui s'est exprimée dans Le Parisien vendredi ?
Cette maladie virale - non transmissible à l'homme -
peut être "fortement préjudiciable à la
santé des bovins" et peut "potentiellement aller jusqu’au décès de
l'animal", explique le ministère de l'Agriculture sur son site.
La DNC conduit généralement "à des pertes de production importantes du
cheptel infecté", poursuit-il. "Horriblement contagieuse", elle serait mortelle dans 10 à 15% des cas, selon la ministre, d'où la nécessité d'agir vite.
Elle est, par ailleurs, catégorisée
comme une maladie absente de l'Union européenne et est de ce fait à éradication
immédiate. Ces classifications de maladies sont établies par la Loi de
santé animale européenne qui décident de leur gravité et donc des
mesures à prendre pour la gestion d'une épidémie, sous peine d'encourir des sanctions.
"Le protocole actuel fonctionne", assure encore Annie Genevard, qui a aussi élargi la zone de vaccination des animaux autour de deux foyers récents dans le Sud-Ouest.
"Si on n’applique pas ce protocole, l’Europe mettra la France sous cloche et plus rien ne sortira du pays. Ni animaux, ni fromage, ni lait."
Annie Genevard, ministre de l'Agriculture, dans Le Parisien
"Dans ce cadre, le dépeuplement est un arrachement, pour les éleveurs comme pour moi, autant qu'il est un dernier recours", ajoute la ministre, appelant à "la discipline collective". Selon elle, "le respect scrupuleux des règles mises en place reste notre meilleure chance d'éviter ces drames humains".
"On agit pour éviter qu'il y ait une maladie qui se propage qui causerait des dégâts terribles dans l'élevage bovin", a confirmé sur RTL le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez, évoquant "une mesure de protection".
Reste que le discours a du mal à passer du côté du monde agricole. Pour Guilhem Boudin, 56 ans, ancien céréalier en Ariège, l'un des rares manifestants présents vendredi matin autour de la ferme, "on est en train de faire quelque chose de stupide". "Une bête était réellement malade. Elle est morte et au lieu de faire un ciblage en fonction des bêtes malades et d'abattre au fur et à mesure, ils veulent tout abattre", a-t-il regretté.
"De faire ça, je trouve ça incroyable. Je n'ai jamais manifesté, mais on ne peut pas faire ça à 200 vaches... [Le dispositif de sécurité sur place] m'a choqué. Autant de moyens, c'est impressionnant. On parle de vaches quand même, c'est honteux", s'indigne Alexandre, alors qu'un premier camion d'équarrissage escorté par six voitures de gendarmerie, deux blindés et un hélicoptère qui survolent la ferme en permanence, a débarqué à la ferme de Bordes-sur-Arize. Les dépouilles des animaux sont déplacés à l'aide de tractopelles.
"Les agriculteurs ne vont pas baisser les bras, les éleveurs ne vont pas baisser les bras. On a détruit un outil de travail ici, de ces éleveurs. La mobilisation va continuer, elle va être encore plus dure", promet Rémy Baysset, président de la coordination rurale de l'Aude, ouvrant la porte à des rassemblements, voire des blocages d'axes routiers et de toutes fermes où auraient lieu de nouveaux abattages.
Soutenus par la Coordination rurale et la Confédération paysanne, les opposants dénoncent un protocole "injuste et inefficace" et réclament une vaccination générale, sur laquelle Annie Genevard s'est dite "ouverte au dialogue". Si le ministre du Commerce Serge Papin a appelé à vacciner les bovins pour empêcher la propagation et contrôler "ce fléau", elle souligne cependant que "vacciner 16 millions de bovins pose des problèmes logistiques majeurs", d'où le choix de plutôt abattre les animaux potentiellement infectés.
La DNC, originaire des pays du Sud, est de plus en plus courante avec le réchauffement climatique, qui rend la lutte contre cette maladie d'autant plus cruciale pour préserver la santé du cheptel français.
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