Le mouvement spontané des "gilets jaunes" peut-il durer ? Selon Jean Viard, sociologue à Sciences Po et au CNRS, qu'elles s'inscrivent ou non dans le temps, ces manifestations sont avant tout le signe d’un malaise plus profond.
"Dans tous nos pays démocratiques, le grand périurbain est en crise par rapport à la puissance nouvelle des métropoles", analyse-t-il. "Les gens de la classe travailleuse étaient des gagnants, ils sont aujourd'hui des perdants. Et si on n’y fait pas attention, si on ne met pas en place des politiques horizontales multiples, ces gens-là se sentiront en dehors du film", prévient Jean Viard.
Pour
Alain Duhamel, cette crise nouvelle s’explique par trois ruptures
simultanées : "Une rupture territoriale, une rupture
sociale - une fraction de la population dont les perspectives sont
contraires aux enseignements qu’on lui a donnés pendant 50 ans et qui se
sent flouée - et enfin une rupture politique", développe-t-il. Il lit d'ailleurs dans ces manifestations la naissance possible d’un mouvement 5
étoiles à l’italienne.
Dans cette France coupée en deux, on imagine d’ailleurs possible un
solide affrontement entre les deux camps. "Il y a eu 400 blessés, donc
cela veut bien dire qu’entre ceux qui étaient dans leur voiture et ceux
qui étaient dans la rue, il y avait un rapport de violence", rappelle
Jean Viard.
Or, face à ce mouvement, le gouvernement "n’a pas de réponse cohérente et logique", analyse Alain Duhamel. Pour lui, il aurait par exemple fallu que le gouvernement entame des négociations intenses avec les représentants des territoires - maires, présidents de départements et de régions.
Pour Jean Viard, les pouvoirs publics devraient davantage s'intéresser à la réduction des inégalités. “Depuis que ce gouvernement est au pouvoir, les 20% de Français aux
revenus les plus modestes ont plutôt perdu de l’argent. Or une politique
publique ne peut pas faire que les plus fragiles soient encore plus
fragiles”, estime de son côté Jean Viard.
Pour tenter de remédier à cette crise, Alain Duhamel est favorable à la mise en place "d’un système de taxe compensatoire pour une fraction de la population", comme le réclamait d’ailleurs Laurent Berger au micro de RTL lundi 19 novembre. "C’est coûteux, mais ce serait socialement légitime et politiquement indispensable", estime l’éditorialiste.
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