Le "frappeur" de Goudelin, le mystère qui empoisonne la vie des retraitées dans un petit village des Côtes-d'Armor

Il ne parle pas, ne crie pas, ne vole rien, mais il frappe et tambourine. À Goudelin, un village des Côtes-d'Armor de 1.700 âmes, un individu attend la nuit pour se glisser entre les haies et les portes de garage, frappant aux portes avant de s'enfuir. Ses cibles : exclusivement des femmes seules, âgées ou veuves.

Ce rituel angoissant perdure depuis deux ans. Le journal Le Monde a consacré un article à cette affaire, avec un récit détaillé signé par la journaliste et écrivaine Florence Aubenas. 

La première à avoir donné l'alerte est Jacqueline, veuve depuis 2024. Âgée de 83 ans cette ancienne vice-présidente de la communauté des communes est une figure bien connue du village. Les coups sur sa porte et ses volets ont commencé après le décès de son mari. Jacqueline a alerté la mairie, puis la gendarmerie, mais ses plaintes n'ont pas été prises au sérieux.

Une remise en question des témoignages

Les habitants de Goudelin ont commencé à murmurer dans son dos, évoquant sa fragilité et sa solitude. Beaucoup ont remis en question la parole de Jacqueline, pensant qu'elle perdait la tête ou inventait des histoires pour attirer l'attention. Ne parvenant plus à dormir et ne sortant plus, Jacqueline a commencé à prendre des médicaments.

Alors que la première victime semblait sombrer dans la folie, les langues ont commencé à se délier dans le village. D'autres femmes du lotissement ont commencé à témoigner. "L'inconnu connaît l'emplacement de la chambre de chacune. Pour frapper, il guette le retour de l'une, habituée de la messe du soir. Il choisit l'heure où une autre va se coucher après L'amour est dans le pré. Comment peut-il être au courant de tout ? On se sent épié car le frappeur sait précisément qui est seul et qui ne l'est pas. À quelques rues de là, il s'est déjà aventuré chez une vieille dame dont le mari venait d'être hospitalisé", a relaté Le Monde. 

En mai 2024, une victime a obtenu un nouveau rendez-vous à la mairie et s'est heurtée au même mépris : "Un élu dont j'avais changé les couches quand il était gamin nous a ri au nez, on nous traitait de gagas". Au total, 18 femmes ont signé une pétition, demandant des actions concrètes de la part de la mairie. L'une d'elles a été victime du frappeur à 120 reprises.

Il chausse du 45 et est très agile

Des plaintes officielles ont été déposées, mais la traque n'a, pour l'instant, rien donné. Des caméras ont été installées au-dessus des portes, parfois derrière les rideaux en dentelle, mais le frappeur s'est toujours adapté, les aveuglant avec une lampe de poche.

Une seule image a été captée : une silhouette sombre et furtive. Des proches des victimes ont organisé des rondes et des planques, se poursuivant parfois entre eux, chacun croyant attraper le frappeur. Une nuit, un adjoint au maire l'a aperçu dans les phares de sa voiture. Il était grand, mince, sportif, la tête masquée d'une capuche rabattue, capable de courir vite et de sauter par-dessus les portails. "Il a pris des chemins que je ne connaissais pas moi-même. Il est d'ici, évidemment. Si ça se trouve, on le croise tous les jours. Je suis sûr qu'on sera surpris quand on le découvrira", a affirmé l'adjoint au maire.

Le seul indice concret trouvé est une empreinte de pas dans la neige, un jour d'hiver. La taille, 45, et le modèle de la chaussure ont pu être déterminés. Depuis septembre, une procédure est ouverte pour violence sur personnes vulnérables. Néanmoins, la mairie et la gendarmerie de Saint-Brieuc l'ont reconnu : "on n'a pas assez de moyens".

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