Le magazine Challenges a publié mercredi 8 juillet son classement des 500 plus grosses fortunes du pays. Leur fortune globale a progressé de 3% durant la période de confinement, période durant laquelle l’enquête de Challenges a été réalisée.
C’est un peu moins que le rythme habituel qui est de l’ordre de plus 6% mais on atteint quand même 730 milliards cumulés pour les 500 membres de ce club très privé avec dedans, l’homme le plus riche de France, le plus riche d’Europe et pendant quelques minutes, le plus riche du monde, Bernard Arnault et sa famille, l’homme qui vaut plus de 100 milliards à lui tout seul.
On retrouve toujours les mêmes noms dans ce classement, preuve qu’il existe une incroyable résilience du capital : quand on est riche, c’est pour la vie. Et pour plusieurs générations même parce qu’on trouve un certain nombre d’héritiers d’empires industriels dans ce classement.
C’est la thèse de Thomas Piketty dans Le capital au XXIe siècle, dont le livre est justement adapté en ce moment au cinéma et cela pose la question de la répartition des richesses car on voit bien que la fortune des plus riches progresse même lorsque l’économie mondiale s’effondre.
Cela ne veut pas dire pour autant que les plus riches ne connaissent pas la crise parce que dans le classement, 60 personnes sortent cette année parce que la valorisation de leur portefeuille a baissé au cours des derniers mois sous l’effet de la crise. C’est le cas des grands noms du textile par exemple.
Et puis, des personnalités venues du numérique ou de la santé ont gagné des places portées par la situation comme Patrick Drahi, patron de SFR qui a gagné 3,5 milliards d’euros de plus en un an ou encore Pierre Omidyar, Franco-Iranien, qui, lui, avait fondé Ebay.
On parle des valorisations, des parts de ces familles dans des groupes cotés à la Bourse mais ça veut dire que ces familles sont d’abord rémunérées sur la base de dividendes et ça repose la question de la juste répartition des richesses entre les actionnaires et les salariés.
Dans le dernier classement Oxfam, les dividendes versés entre 2009 et 2018 ont progressé de 70% alors que le salaire moyen a progressé de 20%. Ce classement prouve aussi que la crise que nous vivons en ce moment est une crise de l’économie réelle, pas une crise financière comme à l’époque des subprimes puisqu’en 2009, la fortune des 500 plus riches avait fondu de 27%.
On a besoin de riches mais le paradoxe de la crise et des dividendes, c’est qu’une entreprise en difficulté a besoin d’aller chercher de l’argent pour survivre auprès d’investisseurs. Cet argent vital, il faut le rémunérer, c’est ça le dividende. Donc une crise conduit inévitablement à une augmentation de la rémunération des actionnaires à terme. Ça peut agacer mais c’est le coût du risque.