C'était peut-être l'un des derniers. Cinéaste de l'époque de la Nouvelle Vague, Jacques Rozier est mort dans la nuit du jeudi au vendredi 2 juin. Réalisateur d'à peine quatre films, il a également tourné une vingtaine de courts-métrages, souvent remarqués et travaillé pour la télévision.
"Jacques Rozier vient de nous quitter. Il était la liberté même, et il va terriblement nous manquer", lui a rendu hommage la Cinémathèque française sur Twitter. "Des cinéastes de la Nouvelle Vague, Rozier est celui qui divague. Celui qui aime que tout aille de travers, pour mieux alimenter son sens très particulier de la dramaturgie (...)."
"C'était un cinéaste indépendant, libre", a souligné Michèle Berson, qui travaillait avec lui depuis une quinzaine d'années. Jacques Rozier travaillait "sans scénario préconçu à l'avance" et avait une capacité à "restituer le présent".
En 2019, Jean-Luc Godard (décédé en septembre 2022) saluait lui aussi la trace laissée par Jacques Rozier dans le cinéma français : "Quand Agnès Varda est morte, j'ai pensé : la vraie Nouvelle Vague, on n'est plus que deux. Moi et (...) Jacques Rozier, qui a commencé un peu avant moi".
Tout au long de sa carrière, le réalisateur a obtenu plusieurs prix : le prix Jean Vigo en 1986 pour Maine Océan, le prix René Clair en 1997 pour l'ensemble de son œuvre, ainsi qu'un Carrosse d'or en 2002 à Cannes.
Metteur en scène parfois incontrôlable, parfois en dilettante, mais aussi chercheur obsessionnel de l'image juste, Jacques Rozier a notamment réalisé "Adieu Philippine" (1962), chronique de la jeunesse sur fond de guerre d'Algérie, "Du côté d'Orouët" (1973) et "Les naufragés de l'île de la tortue" (1976), avec Pierre Richard.
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