"J'avais l'impression qu'il allait m'arriver des choses horribles..." : à 18 ans, elle a fui le mouvement des Témoins de Jéhovah

Esther a grandi au sein de la communauté religieuse des Témoins de Jéhovah, qui rassemblerait près de 140.000 personnes en France. Jusqu'à ses 18 ans, elle a vécu dans l'univers strict et codifié de ce mouvement, fondé sur l'existence du Dieu Jéhovah qui délivrerait les fidèles de la fin du monde, l'Armageddon, en leur accordant l'accès au Paradis. Esther n'a que 5 ans quand elle rejoint la communauté en 1991 par l'intermédiaire de sa mère. Cette dernière occupe une position élevée dans la hiérarchie, ce qui lui confère certains privilèges au sein du groupe. "Elle avait ce qu'on appelle le statut de pionnière permanente, qui est le statut le plus élevé qu'on puisse avoir quand on est une femme", précise Esther.

Elle raconte avoir vécu sa jeunesse depuis un hublot, en décalage avec les autres enfants de son âge. "J'avais vraiment cette impression de regarder le monde depuis une fenêtre et de ne pas y participer", dit-elle. Les nombreuses restrictions du mouvement l'éloignent des divertissements prisés par les jeunes de son époque. Parmi elles, Esther mentionne le fait de regarder la télévision, de lire certains livres ou d'écouter certains groupes de musique. En cachette, elle transgresse certains interdits avec beaucoup de culpabilité. "Je le vivais très mal, j'avais l'impression que ça se voyait sur mon visage", confie-t-elle. À l'école, la jeune fille a également interdiction de participer aux fêtes dites païennes, comme la fête des mères ou les anniversaires. "Je prétextais d'être malade [...] ou alors je ne venais pas à l'école", raconte-t-elle. 

Esther finit par s'extirper du mouvement à l'âge de 18 ans en prenant conscience que sa vie est toute tracée. "Il était attendu que je me marie avec une certaine personne", dit-elle. Afin d'être exclue de la communauté, elle simule une faute grave, la fornication, c'est-à-dire le fait d'avoir des rapports intimes en dehors du mariage. Cette décision n'est d'abord pas sans conséquences émotionnelles pour Esther. "J'avais l'impression qu'il allait m'arriver des choses horribles si je quittais le groupement […] Ça a mis des années avant que moi je me sente libre", confie-t-elle. Esther a finalement réussi à se reconstruire et à s'épanouir en forgeant son propre esprit critique loin de la communauté des Témoins de Jéhovah. Elle a depuis obtenu un doctorat en astrophysique et s'est aujourd'hui tournée vers la psychologie.

Héros, une émission diffusée du lundi au jeudi de 20h à 21h, sur RTL. Faustine Bollaert vous propose de rencontrer des femmes et des hommes ordinaires qui ont des parcours de vie extraordinaires. Des témoignages authentiques, surprenants, parfois émouvants. 

À écouter aussi

Héros

L'INTÉGRALE - Sébastien, victime d'une usurpation d'identité

02/08/2025 à 21:00 - 36m03s