"Je ne comprenais pas ce qui se passait" : elle découvre qu'elle est enceinte le jour de son accouchement

Le 10 octobre 2019, la vie de Klarisse, 20 ans, bascule d'une manière des plus inattendues. Ce jour-là, elle se rend aux urgences pour de violentes douleurs abdominales, et pense souffrir d'une gastro-entérite. Mais la réalité est toute autre : Klarisse découvre qu'elle est en réalité sur le point d'accoucher. Un véritable déni de grossesse.

Aux urgences, lorsqu'on lui annonce la nouvelle, Klarisse se retrouve en état de choc. "Mon cerveau se déconnecte. C'était un état de sidération, un flou total autour de moi", se souvient-elle. Elle se retrouve instantanément submergée par une vague d'émotions contradictoires : la peur, l'incompréhension, et une profonde angoisse. "Je ne comprenais pas ce qui se passait", confie-t-elle.

Le moment de la naissance est tout aussi déroutant. "Quand on m'a dit 'la tête arrive, le col est ouvert', je ne comprenais pas. Quelle tête ? Quel col ?", se remémore-t-elle. Incapable de réaliser pleinement ce qui lui arrive, le jeune femme prend une décision hâtive et importante :  placer le nouveau-né sous X. 

Pour moi, c'était impossible. J'ai décidé de le mettre sous X à ce moment-là.

Klarisse

En France, placer un enfant sous X est légal et permet à une mère de donner naissance de manière anonyme, avant que le bébé soit confié à l'aide sociale à l'enfance (ASE). Dans le cas de Klarisse, confrontée à ce choc du jour au lendemain, cette option était un moyen de garantir à son fils une vie stable, sécurisée. "Quand on m'a dit 'il y a un bébé, il est à vous'... Non, pour moi, c'était impossible", se souvient-elle.

Malgré la décision prise de placer sous X l'enfant, Klarisse et son compagnon vont finalement rétropédaler. Ils réalisent rapidement qu'ils ne peuvent se résoudre à cette séparation. "On s'est dit, non, on avancera à trois et on se battra à trois", déclare-t-elle avec détermination. La rencontre avec leur fils, Jules, est un moment de révélation. "On a immédiatement aimé ce cocon-là, à trois, et on s'est dit que oui, en fait, on l'accepte".

Les premiers pas d'une nouvelle vie à trois

Les jours suivants sont marqués par une intense période d'adaptation. "On a tout appris en six jours", explique Klarisse. Le couple a reçu un soutien précieux de leur entourage, qui leur a apporté tout le nécessaire pour accueillir leur enfant. "Il y a eu un élan de solidarité autour de nous", se souvient-elle.

Si les parents de Jules sont finalement parvenus à créer un environnement sain et stable pour leur enfant, Klarisse a finalement ressenti, quelques mois plus tard, une forme culpabilité avec laquelle elle a dû vivre en élevant son enfant. "Je m'en suis voulue de ne pas avoir vu, de ne pas avoir senti et de ne pas avoir compris mon corps", confie-t-elle. Un sentiment qui longtemps perduré mais que Klarisse a finalement appris à accepter, avec le temps : "je sais aujourd'hui que ce n'est pas moi : c'est l'inconscient".

Aujourd'hui, la jeune maman regarde cette expérience avec une certaine sérénité. "Je prends ça comme une page de ma vie que j'ai envie de partager. Loin d'être un traumatisme, c'est une histoire qui nous a fait grandir", affirme-t-elle. L'amour qu'elle partage aujourd'hui avec son enfant lui permet de transmettre un message d'espoir  : "Un déni de grossesse, ce n'est pas une maladie. On peut en sortir encore plus grandis", conclue-t-elle.

>> Héros, une émission diffusée du lundi au jeudi de 20h à 21h, sur RTL. Faustine Bollaert vous propose de rencontrer des femmes et des hommes ordinaires qui ont des parcours de vie extraordinaires. Des témoignages authentiques, surprenants, parfois émouvants.

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