En 2018, Morgan vit depuis quelques mois déjà au Timor-Leste, une petite île de l'archipel indonésien, au nord de l'Australie. Non loin se trouve l'île d'Atauro, et son mont sacré, le mont Manucoco, haut de 1.000 mètres. Attiré par la réputation de cette île et motivé par son esprit d'explorateur, Morgan décide alors de se lancer dans l'ascension de cette montagne, sans se douter de la péripétie presque fatale qui l'attend.
Dès son arrivée sur place, les avertissements se multiplient de la part des locaux : s'atteler à l'ascension à 11h du matin est déjà un horaire tardif. "Il aurait fallu partir à l'aube, comme tout montagnard qui se respecte", explique Morgan. Mais l'explorateur est déterminé : voyageant léger et habitué du trail, il pense pouvoir rattraper son retard.
Lors de sa montée, les avertissements se poursuivent. Deux femmes croisées sur la route mettent à nouveau en garde le randonneur : à partir de cette altitude, "les mauvais esprits rôdent sur la montagne". Malgré les mises en garde Morgan poursuit l'ascension et fait confiance en ses capacités : une fois le sommet atteint, l'émerveillement et l'exaltation l'emportant. Pourtant, il se rend vite compte d'un premier problème : sa bouteille d'eau est vide.
Je marche sur le sentier et puis, d'un seul coup, le sentier disparaît
Morgan
Les choses se compliquent lors de la redescente. La nuit tombante et le manque de visibilité jouent des tours à Morgan, qui doit se rendre à l'évidence : il est perdu. Sans eau. Sans pour autant céder à la panique, le baroudeur garde un état d'esprit surprenant : "C'est à mon tour d'être dans l'aventure. Tout ce que j'ai lu, je suis en train de le vivre", se dit-il.
Continuant tant bien que mal sa descente, Morgan se retrouve finalement coincé entre deux obstacles. D'un côté, une jungle "inextricable", et de l'autre, un pic rocheux à gravir : la seconde option semble sa seule chance pour retrouver son chemin. Mais quelques mètres avant la fin de l'escalade particulièrement dangereuse, l'une des prises de décroche du rocher.
Morgan tombe de près de sept mètres de haut. Il reste inconscient cinq heures avant de se réveiller, le crâne ouvert, son corps enfoncé dans la roche sur laquelle il est tombé : il ne peut bouger ni ses jambes, ni son bras droit. Constatant toutes ses blessures, Morgan semble résigné. "Je n'avais plus d'eau, j'ai perdu beaucoup de sang… J'imaginais que j'en avais pour un jour ou deux, grand maximum […] autant en profiter !". L'aventurier en est persuadé, il va mourir ici.
"À ce moment-là vous êtes à deux petits pas de la mort, mais toujours grisé par l'exceptionnel de l'instant. […] On frôle la folie !"
Faustine Bollaert
Malgré la situation catastrophique, Morgan va une nouvelle fois faire preuve d'une force mentale extraordinaire. "Parfois, je crois qu'il faut être un peu fou pour supporter les choses", explique-t-il sur RTL. En se sentant si proche des romans d'aventures qui l'inspirent tant depuis son enfance, il décrit à nouveau une forme de plaisir dans cette épreuve. Bien qu'inattendu, ce parallèle lui a sans doute fourni le courage nécessaire pour s'accrocher à la vie et survivre plusieurs jours, blessé, dans cet environnement hostile...
Durant trois jours, le "mode survie" prend le dessus. Toujours dans l'incapacité de se déplacer, pour faire face à la soif, la faim et la chaleur écrasante, Morgan agit comme un "mammifère dans son écosystème". En bougeant son corps tant bien que mal, il se nourrit comme il peut des herbes qui l'entourent, quitte à tomber malade et perdre le contrôle de son corps. "Aucun aventurier n'avait décrit ça dans les romans" admet-t-il, décrivant notamment les nombreuses coliques sévères vécues dans la jungle.
Trois jours après sa chute, complètement déshydraté, il parvient à rassembler le peu de forces restantes pour enfin se lever. Petit à petit, suivant un chemin de chèvres qu'il aperçoit au loin, il finit par atteindre un champ. C'est là que Moïse et sa femme, Mana Raquel, des locaux, trouveront l'aventurier. Le couple va alors secourir Morgan, avant que ce dernier soit hospitalisé quelques jours plus tard.
De ce voyage qui a failli lui couter la vie, Morgan retient "cette sensation que le temps est compté, que le collectif est un joyau". Rempli de gratitude envers ses sauveurs, il garde aujourd'hui un lien particulièrement fort avec eux, mais aussi avec le Timor-Leste. Une histoire et des leçons qu'il a raconté dans son livre "Cinq jours au Timor", aux éditions Premiers Parallèles.
>> Héros, une émission diffusée du lundi au jeudi de 20h à 21h, sur RTL. Faustine Bollaert vous propose de rencontrer des femmes et des hommes ordinaires qui ont des parcours de vie extraordinaires. Des témoignages authentiques, surprenants, parfois émouvants.
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