ÉDITO - Violences sexuelles : "Il est temps de protéger les victimes plutôt que leurs bourreaux", lance Isabelle Saporta

Chaque jour ou presque apporte en ce moment son lot de scandales sexuels. L'abbé Pierre, les affaires Bétharram et autres... Des figures d'autorité dont on découvre la face sombre. Qui peut-on encore croire ? Qui est encore digne de confiance ? 

On croyait en l'abbé Pierre. Il symbolisait l'engagement auprès des plus démunis, sa vie était prétendument un sacerdoce. Or, c'est un prédateur de la pire espèce, couvert par sa hiérarchie, couvert par le Vatican, couvert depuis 1955, ce qui lui a laissé le temps de faire des dizaines et des dizaines de victimes, tout en gardant l'image d'un saint. 

Qui encore ? Les professeurs et les surveillants des institutions privées, ceux de Bétharram, de Notre-Dame-de-Garaison. On la fait, la liste des sévices qui ont été infligés aux enfants qui leur ont été confiés ? On en parle du silence des notables. 

Qui encore ? Les politiques ? Vous avez vu cette femme qui accuse le sénateur Francis Szpiner ? Il dément. Mais si cette affaire scabreuse s'est déroulée comme elle le dit, si cet homme politique a monnayé des faveurs sexuelles contre l'attribution d'un logement social, il y a de quoi avoir des hauts le cœur. 

Qui encore ? Ce militant LFI, assistant familial qui a soumis au pire viol et sévice une petite fille polyhandicapée de 4 ans dont il avait la charge ? Qui encore ? Ces pères maltraitants, violeurs à qui on maintient un droit de visite parce que rien n'est encore prouvé et qui font poursuivre leur ex-femme pour non-présentation d'enfant ? Je vais vous dire qui on peut croire, les seuls d'ailleurs qu'on puisse croire, ce sont les victimes.

Le juge pour enfants Édouard Durand, coprésident de la commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants avant d'en être débarqué, répétait sans cesse ce message aux victimes : "Vous n'êtes plus seul, on vous croit". Il est temps que nous cessions de protéger les institutions politiques, morales, religieuses, éducatives, sociales, familiales. Il est temps d'ouvrir les yeux et de faire un grand ménage pour enfin protéger les victimes plutôt que leurs bourreaux.