La Première Ministre fait de la politique avec la "shrinkflation", comme Alexandre Bompard, le patron de Carrefour, dix jours plus tôt, et ça commence à devenir un peu agaçant. La shrinkflation est "choquante" dit la Première ministre. Et c'est vrai. Vendre un paquet de céréales de 330 grammes au même prix qu'un paquet de 400 grammes, c'est choquant.
Oui mais voilà, sa phrase complète dans Le Parisien : "Nous allons interdire [la shrinkflation]. Dès novembre, tous les produits concernés par des changements de quantité devront le signaler sur les étiquettes pour ne plus tromper le consommateur." Service minimum, parce que ça n'est pas interdire ça. C'est vaguement encadrer. Et les industriels indiquent déjà sur le paquet qu'ils ont réduit la quantité. La hausse de tarif est clairement marquée sur l'étiquette quand on regarde le prix au kilo.
La grande distribution (Carrefour et Intermarché) se charge déjà depuis quelques jours d'indiquer par des affichettes que certaines marques ont pratiqué la shrinkflation. Résultat : sur 20.000 références chez Carrefour, la semaine dernière, on a recensé 26 produits concernés par la Shrinkflation. C'est 0,1% de l'offre. C'est un moyen de mettre la pression sur les industriels pour qu'ils baissent leurs prix le plus rapidement possible. Mais ça n'est pas un phénomène massif.
C'est donc la "cheapflation" qui risque d'arriver. Désormais, on va réduire la qualité pour limiter le coût de fabrication. Vous aurez le même poids et le même prix, mais pas le même goût. Plus de gras, plus d'édulcorants à la place du sucre, plus d'eau : bref des aliments moins nobles. L'idée n'a pas changé : dégager le plus de marge possible avant les prochaines négociations commerciales et les baisses massives de prix. Mais attention à la cheapflation, si la relation de confiance est entamée entre les consommateurs et les marques parce que la qualité se dégrade, les industriels mettront des années à les reconquérir. Surtout si les consommateurs ont pris l'habitude d'acheter des marques distributeurs.