ÉDITO - Dissolution de l'Assemblée : "Les députés ont de l'amertume envers Macron", affirme Alba Ventura

La campagne politique bat son plein pour les prochaines élections législatives du 30 juin et du 7 juillet. Du côté de la majorité, Emmanuel Macron semble avoir pris les commandes. Cet après-midi du 11 juin, une première conférence de presse marque le début de son offensive.

Le président souhaite être omniprésent : photographié aux côtés des candidats, participant aux meetings, il se dit prêt à repartir sur le terrain avec la détermination d’un Bonaparte au pont d’Arcole. Macron est convaincu que la dissolution pourrait le relancer et, en coulisses, c’est lui qui orchestre la campagne, distribuant les ordres à ses proches et ministres.

Contrairement aux élections européennes, cette campagne législative ne sera pas axée sur l’opposition au Rassemblement National (RN), mais sur quatre à cinq thèmes et idées fortes. Le président entend mener la campagne qu'il n'avait pas pu faire en 2022.

Dans quel état sont les troupes macronistes ?

Cependant, les troupes macronistes sont en plein désarroi depuis les résultats des élections européennes dimanche soir. Les projections de Toluna - Harris Interractive n’arrangent rien : si les élections avaient lieu demain, le RN pourrait obtenir entre 235 et 265 sièges, contre 89 actuellement, tandis que Renaissance perdrait entre 100 et 125 sièges.

Un sentiment de fatigue et de blues s’installe parmi les députés, certains d'entre eux se demandant même s’il vaut la peine de continuer. Gabriel Attal, Premier Ministre, est resté silencieux depuis 48 heures, bien qu'il finira sans doute par faire preuve de loyauté. D’autres députés refusent d’associer leur campagne à l’image du président, et certains envisagent même de se lancer en solo.

Les députés ont une amertume envers le président de la République

Le malaise ne se limite pas à la peur de perdre. Il y a également une amertume croissante envers Macron et sa gouvernance des deux dernières années. Les députés ont le sentiment d’être écartés des décisions, imposées de manière autoritaire par le président. La dissolution de l’Assemblée, décidée unilatéralement par Macron, a été un choc. Les députés ont dû rapidement abandonner leurs travaux sur des dossiers importants comme la fin de vie, la justice des mineurs et le logement.

Enfin, il y a la crainte que l’aventure macroniste, unique dans l’histoire de la Ve République, se termine en crise de régime, avec un RN dominant à l’Assemblée et un président marginalisé.