ÉDITO - Agent municipal tué à Grenoble : "On ne peut plus parler de faits divers, mais de faits de société", pour Isabelle Saporta
La mort d'un agent pénitentiaire à Grenoble, tué le 8 septembre dernier, est le triste symbole de notre quotidien de violence.
La France sombre-t-elle dans la violence ? C’est en tout cas ce que laisse penser le drame de Grenoble, comme tous ceux qui sont arrivés ces derniers mois.
On tue désormais pour un regard, pour un mot, pour une attitude qui a déplu. On tue ces agents de la pénitentiaire lors du transfert d’un prisonnier. On tue ce gendarme à Mougins lors d’un contrôle routier.
On tue Socayna d’une rafale tirée à l’aveugle qui traverse les murs de son appartement. On tue cet employé municipal à Grenoble juste parce qu’il voulait faire acte de civisme et empêcher un homme de fuir ses responsabilités.
Les tentatives d’homicides ont explosé : +78% entre 2016 et 2023. On ne peut plus parler de faits divers, on doit parler de faits de sociétés. Pour les trop nombreux meurtres liés au trafic de drogue, un mot a même été inventé : le narcomicide, souvent commis par de très jeunes hommes, parfois multirécidivistes.
Les JO semblaient nous avoir offert une parenthèse sécuritaire, grâce à un dispositif exceptionnel qui a permis de réquisitionner 30.000 à 45.000 policiers venus en renfort de toute la France et même de l’étranger, 20.000 agents de sécurité et 10.000 militaires.
On a vu alors police et justice travailler main dans la main pour des résultats probants. Les vols avec violences ont chuté de 25% les violences dans les transports de 40%
Sans doute est-ce compliqué et coûteux de pérenniser ce dispositif. Mais avant de nous dire que c’est impossible, il faut avoir à l’esprit que notre degré de tolérance à cette brutalité est désormais au plus bas. Et qu’on va avoir beaucoup de mal à revenir à notre quotidien de violence.
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