Marqué par une enfance difficile, Khaled Miloudi ancien détenu, a enchaîné les braquages. Derrière les barreaux, il trouve refuge dans l'écriture. Il raconte au micro de Flavie Flament dans Jour J comment les mots l'ont sauvé.
À peine majeur, Khaled Miloudi est condamné à 18 mois de prison ferme. Une première peine qui marquera le début d’une longue série de braquages. Derrière les barreaux, l’adolescent fera la rencontre des "anciens" de Fleury-Mérogis. Dès sa sortie, l’adolescent se lance dans le grand banditisme qui lui coûte 29 ans de sa vie. "J’ai vécu en prison et je ne me suis pas vu vieillir", raconte-t-il dans son livre Les couleurs de l'ombre.
"En prison, on a très peu de regards posés sur soi et on ne se voit pas vieillir, tous les jours se ressemblent et on n’a pas le reflet de ses rides et de ses cheveux gris qui arrivent. En me regardant dans la glace, j’ai vu toutes mes failles, toute ma suffisance. Cette course folle vers l’argent et aussi toutes ses souffrances, toutes ses solitudes. Et un sentiment de culpabilité qui atteignait son paroxysme", confie le poète.
Avant d’écrire ce poème, j’avais envie de me suicider
Khaled Miloudi
Son quotidien de prisonnier se perpétue et se répète "inlassablement" décrit-il. "Vous avez le bruit tôt le matin, les verrous qui claquent, les portes qui s’ouvrent. Vous avez une heure de promenade et vous rentrez en cellule. Donc c'est un désert affectif, un désert culturel […] livré à moi-même, entre quatre murs. C’était la corde ou la plume". Face à ses remords, Khaled Miloudi trouve refuge dans les mots. Dans sa cellule, il écrit un premier poème qu'il dédie à ses enfants.
"Avant d’écrire ce poème, j’avais envie de me suicider. J’avais tressé une corde et j’étais en train de me dire est-ce que je fuis ces montagnes que je vais devoir surmonter, ces terribles épreuves. […] Et comme la lâcheté n’a jamais fait partie de ma vie, je me suis dit, 'Tu vas payer, t’es le seul responsable, tu vas payer'. Et en effet, la plume m’a permis de me débarrasser de la corde et je me suis mis à écrire. Et là, ça a été une révolution, je me suis mis à pleurer. Plus je pleurais, plus mes larmes m’éclaboussaient", poursuit l’ancien détenu dans Jour J.
Libéré le 18 avril 2020 à 8h15, Khaled Miloudi part dans une camionnette et se souvient de sa sortie comme l’un des plus beaux jours de sa vie. "Tout était différent : les couleurs, les êtres, les formes. Le ciel m’a paru plus haut, plus vaste et majestueux. J’étais comme en apesanteur, l’esprit léger, flottant. Je retrouvais ma place dans cette société, c’était l’un des plus beaux jours de ma vie".
Récompensé par la quatorzième édition du prix national Blaise-Cendrars sur le thème "Guerre et Paix", le poète et ancien détenu se dit "sauvé" par les mots. "La poésie, c’est un format court, et ma vie était tellement longue à décrire que quelque part, inconsciemment, j’ai condensé ça en quelques mots", conclut-il.
Jour J, c'est l'émission des grands entretiens d'actualité internationale, culturelle, économique et politique. Chaque jour sur RTL de 20h à 21h et en podcast, Flavie Flament reçoit un acteur de l'actualité et revient avec lui sur une date fondamentale de sa vie.
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