Au fil des jours, le travail dans les centres de réanimation s'intensifie. Actuellement 5.565 personnes sont en réanimation dans un état grave sur un total de 22.757 hospitalisations. Sabine Sportouch travaille au service de réanimation et de soins intensifs à l'hôpital Bicêtre dans le Val-de-Marne. En temps que psychologue, elle est chargée d’écouter les familles, les patients ainsi que le personnel soignant.
En cette période de confinement Sabien Sportouch opère principalement par téléphone. "Les médecins me proposent d’appeler prioritairement les familles. Tous les jours nous faisons un point. Je leur demande comment elles vont, si elles ont compris les explications qu’on leur a données," décrit la psychologue.
Les familles ne pouvant rendre visite à leurs proches hospitalisés, elle leur propose "d’envoyer une
lettre, une photo, quelque chose qui pourrait être déposé dans la chambre du
patient et maintenir ce lien," dit-elle. La psychologue, qui a pour habitude de parler en contact direct avec les patients, est obligée d'opérer à distance, du fait de la forte contagiosité du coronavirus. "Face à cette chose irréelle, on construit, on invente des
manières de faire chacun comme on peut," confie-t-elle.
Il va falloir qu'on tienne un marathon avec un rythme de sprint
Sabine Sportouch, psychologue
Son travail se fait également avec les soignants. "Mes collègues me parlent beaucoup de leur fatigue, de leur sentiment d’impuissance qu’ils partagent beaucoup avec les médecins, de la peur d’attraper la maladie et de contaminer leurs proches. Ils me parlent de leur sentiment d’être abandonné aussi," rapporte Sabine Sportouch.
Selon elle, le travail du médecin et le travail du soignant est interrogé sur son sens. "Qu’est-ce qu’on est en train de faire ? Est-ce qu’on va sauver les gens ?" Ainsi, la psychologue explique que certains membres du personnel craquent. "Cela peut se traduire par de la peur, du stress, des larmes et parfois certains le sortent par la colère," déclare Sabine Sportouch.
La psychologue dit être très attentive auprès des médecins qui ont beaucoup de responsabilités et sont souvent confrontés à des choses difficiles comme les annonces des décès. "Le sentiment que j’ai c’est qu’il va falloir qu’ils tiennent, qu’on tienne sur un marathon avec un rythme de sprint. Tout va vite et il faut être là et faire face," affirme-t-elle.