Deux fusillades en dix jours au mois d’août, des balles qui fusent et des services sociaux obligés de fuir : à la cité du Dr Ayme à Cavaillon, cela fait presque un mois que le Centre communal d’action sociale, l’aide aux parents isolés, le foyer des jeunes, l’agence de l’assurance maladie et le centre social ont tiré le rideau, avec regrets. "C’est une relocalisation temporaire, provisoire", promet la directrice du CCAS, Nelly Mercier.
"Notre objectif est de revenir le plus vite possible. Nous nous retrouvons dans une position un peu schizophrène : à la fois on ne veut pas déserter ce territoire qui a des besoins sociaux et de proximité importants, mais on doit aussi mettre à l’abri notre personnel et les assurés qui viennent sur le site", ajoute Sophie de Nicolaï, la directrice de l’assurance maladie dans le Vaucluse qui gère une agence de 40 employés au cœur de la cité.
Plusieurs voitures stationnées sur leur parking ont reçu des balles, d’autres ont terminé leur course dans les vitres de l’agence.
Pour certains habitants, comme Stéphanie, maman d’une petite fille, c’est l’incompréhension. "C’est honteux, parce que la population subit et les services publics eux, ils fuient. Nous on devient quoi alors ? C’est comme si on se retrouvait en plein désert. Avant on avait les services publics à proximité… je trouve cette situation anormale", dit-elle. Désormais, il faut prendre le bus, la voiture ou marcher pour retrouver ces services essentiels : l’aide au devoir, le soutien à la parentalité, les activités culturelles et sportives, l’assistance administrative et l’aide au maintien à domicile pour les plus fragiles.
Le centre social a trouvé refuge dans des préfabriqués vieillissants, à un kilomètre de la cité. Carole Lhotellier, qui le dirige depuis plusieurs années, convient qu’il s’agit là d’un plan B "mais si nous étions restés, le risque c’était que les agents se mettent en arrêt et nous aurions été obligés de fermer. Avec cette solution de rester au plus près de cette zone prioritaire, nous pouvons continuer notre mission et rendre service à la population. D’ailleurs les gens viennent".
Pourtant le fait de ne plus être au cœur du Dr Ayme handicape le travail de suivi au quotidien, notamment des jeunes adolescents, première cible des recruteurs des réseaux de trafiquants.
Au mois de juin, les dealers avaient coulé en une nuit plusieurs dos d’âne en béton sur l’allée qui serpente entre les bâtiments, pour se protéger de la police ou d’éventuels ennemis. C’est la seconde option qui semble se confirmer au cours d'un été où les balles ont fusé à plusieurs reprises. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est rendu sur place il y a quelques semaines pour octroyer 5 policiers supplémentaires et poser les bases d’un contrat de sécurité intégré : une connexion entre police nationale, municipale, procureurs et d’autres services publics, sorte de "synergie sécuritaire".
La semaine dernière, l’un des boss du réseau a été condamné à 8 ans de prison ferme, deux de plus que les réquisitions. Le préfet du Vaucluse, Bertrand Gaume précise aussi qu'une "opération de renouvellement urbain est également prévue pour démolir les tours les plus vétustes et nous allons demander à l’État des moyens supplémentaires pour désenclaver ce quartier". Mais ce dernier volet prendra plusieurs années. Faire disparaître totalement le trafic semble aujourd'hui du domaine de l’utopie, mais l’idée des enquêteurs est de "l’assécher" suffisamment pour qu’il ne soit plus convoité à coups de kalachnikov.
"Nous reviendrons quand la situation sera plus calme. Quand ? Nous ne le savons pas…", décrit Carole Lhotellier. "Aujourd’hui, il y a ce nœud, que seule la police judiciaire peut comprendre et c’est elle qui nous dira si on peut revenir. Ça ne remet pas en cause notre travail dans ce quartier et dans d’autres, nous accompagnons chaque jour des jeunes qui réalisent des parcours d’excellence, qui réussissent dans leurs études et dans leurs projets professionnels, ça fait toujours moins de bruit que les fusillades, mais c’est important aussi", souligne-t-elle.
Jeudi 16 septembre, David, la quarantaine, reste planté devant l’entrée du centre communal d’action sociale. Sur le rideau de fer tiré on lit "fermeture temporaire" et l’écusson "République Française" bariolé de bleu blanc rouge au-dessus de la porte, semble avoir sérieusement pâli. Prêt d'un mois après ces fermetures d'office, le symbole d’un recul face à la criminalité est désastreux pour la préfecture, qui pousse les travailleurs sociaux à revenir le plus vite possible. Mais ces derniers demandent des garanties. Une réunion entre les différentes parties doit se tenir ce mardi.
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