Après les écoliers, les collégiens, les lycéens, ce sont les étudiants qui peu à peu font leur rentrée ces jours-ci. Trop souvent encore, rentrée rime avec bizutage. Pourtant, le bizutage, c'est un délit depuis plus d'un quart de siècle, depuis 1998.
Chaque année encore, on recense une vingtaine de cas de bizutage, parfois très grave. Ça peut aller jusqu'à la torture, aux agressions sexuelles ou encore au viol. Ce bizutage, je l'ai subi il y a cinq ans, dans une classe prépa lyonnaise.
À l'époque, j'avais 18 ans, j'entrais à peine en hypokhâgne. Après une matinée sympathique pour découvrir l'établissement, les deuxièmes années nous font sortir du lycée, nous mettent à genoux et nous cassent des œufs sur la tête. Un changement brutal d'ambiance, Anna, une amie de l'époque, s'en souvient aussi.
"C'étaient les deuxièmes années qui nous criaient dessus qu'on était des bizus et qu'on devait leur obéir. Rien que la position physique était difficile à tenir. Le but étant qu'on rentre chez nous en puant l'œuf, raconte-t-elle, ce n'était pas une très bonne journée".
Dans le Code pénal, forcer quelqu'un à commettre des actes humiliants, c'est du bizutage, un délit punissable de 6 mois de prison et de 7.500 euros d'amende.
Aujourd'hui, dans cet établissement que j'ai fréquenté, les choses ont changé, me confie Faustine, membre de l'actuel bureau des étudiants. "Comme activité, on avait prévu notamment des blind tests. Le bizutage, ce n'est vraiment pas le but de cette journée. À ce niveau-là, vraiment, il n'y a pas de problème", assure-t-elle.
Mais ailleurs, le bizutage existe encore, comme le raconte une étudiante en médecine qui a subi un bizutage il y a à peine un an. "Ils nous faisaient avancer à genoux, accrochés deux par deux avec du gros scotch. Je me souviens surtout de l'ambiance stressante. J'ai reçu plein d'œufs sur la tête. Un garçon m'a dit de me mettre à genoux et de lécher le sol, parce que sinon il n'allait pas me libérer. Il me disait 'non, tant que tu ne te mets pas à genoux'. Là, je me suis dit que c'était assez humiliant.
Rien que ce mois-ci, mois de la rentrée, il y a déjà eu deux signalements auprès du Comité national contre le bizutage, une association qui recueille des témoignages de victimes et qui est à l'origine de la loi qui le sanctionne. Cette loi, qui a été durcie, est un outil dissuasif, pour les affaires qui sont jugées vite. Cela peut avoir valeur d'exemple dans un établissement.
Mais généralement, la justice prend du temps, parfois plus de dix ans. "Dans une procédure qui dure depuis 2013, il y a quand même un garçon handicapé à vie. Ils s'excusent, ils disent qu'ils n'auraient jamais dû, qu'ils étaient jeunes. Et puis après, ils sont condamnés à quoi ? Rien du tout", regrette Marie-France Henry, présidente du Comité national contre le bizutage.
"Nous, ce qu'on demande, c'est qu'il y ait des conseils de discipline parce que le conseil de discipline, il arrive très vite. On peut dire quand même globalement qu'il y a beaucoup d'établissements qui ont pris leurs responsabilités", ajoute-t-elle.
Pour lutter contre le bizutage, le ministère de l'Enseignement supérieur met également en place des choses, comme les 550 étudiants relais santé. Formés sur ce sujet, ils sensibilisent leurs camarades sur les campus. Il y a aussi un guide des événements festifs destinés aux organisateurs.
Rappelons que lorsqu'on est dans une situation de bizutage, il faut dire non et quand on est témoin, on ne reste pas passif. Il faut sortir la victime de là et prévenir l'établissement.
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