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Une bouteille de protoxyde d'azote, un gaz hilarant prôné par les jeunes (image d'illustration)
Crédit : Eric Dervaux / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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C'est un gaz qui provoque des ravages sur les routes et contre lequel le cadre réglementaire actuel semble avoir peu de prise. À Lille, ce week-end, un drame qui s'est noué dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 novembre a relancé les débats sur la lutte contre le recours des jeunes au gaz hilarant au volant.
Mathis, un jeune homme de 19 ans, est mort après avoir été violemment percuté par un automobiliste en fuite, tentant d'échapper à un contrôle de police. Selon les forces de l'ordre, le conducteur, âgé de 31 ans, avait été aperçu par des agents en train de consommer du gaz hilarant au volant. Lors de son interpellation, plusieurs bonbonnes de protoxyde d'azote ont été découvertes dans son véhicule.
La mère de la victime a pris la parole sur RTL pour dénoncer "le laxisme de la justice". Le suspect était déjà connu des services de police pour des délits routiers : "Il y a eu des failles, il en était à son 16e ou 17e délit", assure Laetitia qui souhaite "se battre" pour que les récidivistes "soient punis".
Le protoxyde d'azote, est un gaz initialement utilisé dans le secteur médical et alimentaire, désormais détourné pour ses effets euphorisants. Cette pratique, bien que perçue comme anodine par certains, peut entraîner des conséquences graves sur la santé, allant de troubles neurologiques à des accidents cardiaques.
Selon Laurent Karila, psychiatre et addictologue à l'Hôpital Paul Brousse, la consommation de ce gaz peut rapidement devenir une addiction.
"Au départ, les premiers effets qui sont de l'euphorie, de la désinhibition, les rires, etc., tout ça, c'est très positif. Le cerveau se dit, vas-y, recommence, il n'y a aucun risque. Tout le monde ne va pas tomber dans l'addiction, mais en tout cas, il y a un risque de consommation excessive et pour les plus vulnérables, de tomber dans une maladie addictive comme ce qu'on connaît avec l'alcool, le tabac, la cocaïne, etc", assure-t-il.
Ce gaz, souvent inhalé à l'aide de ballons, séduit particulièrement les jeunes en quête de sensations fortes. Sa facilité d'accès et son faible coût en font une substance prisée, malgré les risques encourus.
Les autorités sanitaires tirent la sonnette d'alarme face à cette tendance inquiétante. Selon une étude Ipsos reprise par Vinci autoroute dans sa campagne de sensibilisation : "De plus en plus d'accidents de la route sont attribués à la consommation de protoxyde d’azote".
Selon les chiffres de cette étude "7 % des moins de 35 ans ont déjà été passagers d’une voiture dont le conducteur avait pris du protoxyde d’azote" et "plus d’1 Français sur 3 a déjà vu des capsules et des bouteilles de protoxyde d’azote sur la voie publique".
Difficile à détecter une fois consommé, le protoxyde d'azote ne fait pas partie de la liste des stupéfiants. Sur RTL, le député Ensemble pour la République dans le Nord, Vincent Ledoux, a réclamé justement une modification de la loi.
"Ce que je propose, c'est qu'on crée une infraction spécifique qui permet d'engager des poursuites lorsque des éléments factuels convergent, a-t-il précisé, c'est-à-dire le comportement de la personne, des témoignages, des cartouches des bonbonnes dans le véhicule, des vidéos".
L'élu souhaite rendre "la saisie de preuves matérielles" possibles. "C'est-à-dire par exemple autoriser la confiscation explicite de cartouches bonbonnes qu'on trouve dans la voiture. C'est renforcer les sanctions administratives, c'est-à-dire suspendre le permis immédiatement, prendre des mesures conservatoires comme l'immobilisation du véhicule quand on a des indices sérieux de consommation volant", détaille-t-il.
Face à l'augmentation de la consommation de protoxyde d'azote, de nombreux maires se retrouvent en première ligne pour tenter de juguler ce phénomène. Dans certaines communes, comme à Monchecourt près de Douai, les élus ont pris des arrêtés municipaux pour interdire la vente et la consommation de ce gaz.
"Il y avait urgence avant que ça ne prenne beaucoup d'ampleur. Il y a des rassemblements de jeunes régulièrement. Si les personnes sont arrêtées en possession de ces capsules, ils sont verbalisés", explique la maire Jeanne Roman.
Bien que bien intentionnées, ces initiatives locales suscitent des interrogations sur leur réelle efficacité et leur mise en œuvre sur le terrain. Les maires manifestent fréquemment leur frustration face à un cadre législatif qu'ils estiment inadapté pour combattre efficacement l'usage détourné du protoxyde d'azote. "S'il y avait une loi, on verbalise et on s'en démunit", ajoute l'édile.
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